Bonjour 2022 fĂ©vrier 08 24:16 (mercredi) Nous vous informerons des derniĂšres informations sur "Blue Archive". ăă”ăăčăăŒăȘăŒă ăĄăłăăăłăčç”äșćŸăăăćă”ăŒăŻă«ă§ăźæŽ»ćć
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AprĂšs Quand la maison brĂ»le [1], voici traduit en français un nouvel essai du grand philosophe italien Giorgio Agamben La follia di Hölderlin. Cronaca di una vita abitante 1806-1843, paru en Italie en 2021, chez Einaudi, en plein confinement. Agamben Depuis presque un an, je vis chaque jour avec Hölderlin, ces derniers mois dans une situation dâisolement dans laquelle je nâaurais jamais pensĂ© me trouver. En prenant congĂ© de lui maintenant, sa folie me paraĂźt tout Ă fait innocente comparĂ©e Ă celle dans laquelle toute une sociĂ©tĂ© est tombĂ©e sans sâen rendre compte. » Le 4e de couverture de lâĂ©dition italienne disait Ă travers une chronique ponctuelle et passionnĂ©e des annĂ©es de folie et un commentaire de textes qui ont souvent Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme illisibles, ce livre cherche Ă dĂ©crire et Ă rendre comprĂ©hensible pour la premiĂšre fois une vie que le poĂšte lui-mĂȘme dĂ©crivait comme habituelle et " habitante ". Quâest-ce que cela signifie dâhabiter ? Quâest-ce quâune habitude ? Et vivre ne signifie-t-il pas pour les humains avant tout habiter ? » Alors que NapolĂ©on est occupĂ© Ă faire lâHistoire, que Goethe fait Ă©clore Faust et que Hegel esquisse son systĂšme philosophique, Friedrich Hölderlin, le grand poĂšte allemand, sombre dans ce qui est peut-ĂȘtre la folie la plus cĂ©lĂšbre de lâhistoire de la littĂ©rature. Est-ce pour le plaisir de sâinfliger un confinement de 36 annĂ©es quâHölderlin vivra en reclus jusquâĂ sa mort, locataire dâun charpentier dans une tour surplombant le Neckar ? Sa vie se divise exactement en deux moitiĂ©s 36 ans de 1770 Ă 1806 et 36 ans de 1807 Ă 1843. Si dans la premiĂšre moitiĂ© le poĂšte vit dans le monde et participe dans la mesure de ses forces aux Ă©vĂ©nements de son temps, la seconde moitiĂ© de son existence se passe entiĂšrement en dehors du monde, comme si un mur le sĂ©parait de toute relation avec les Ă©vĂ©nements extĂ©rieurs. Pour notre Ă©poque qui perd de vue la distinction entre les sphĂšres, la vie dâHölderlin est la prophĂ©tie de quelque chose que son siĂšcle ne pouvait penser sans frĂŽler la folie. La folie Hölderlin Chronique dâune vie habitante1806-1843 Traduit de lâitalien par Jean-Christophe Cavallin Dans sa quarantiĂšme annĂ©e, Hölderlin jugea recommandable, câest-Ă -dire plein de tact, de perdre son humaine raison. R. Walser Sa maison est folie divine. Hölderlin, trad. dâAjax de Sophocle Quand au loin va la vie habitante des hommes⊠Hölderlin, La Vue Sâil venait,venait un homme,venait un homme au monde, aujourdâhui, avec la barbe de clartĂ©des patriarches il devrait sâil parlait de cetemps, il devraitbĂ©gayer seulement, bĂ©gayer, toutoutoujoursbĂ©gayer. Pallaksch. Pallaksch. » Celan, TĂŒbingen, janvier » [2] Sommaire Note de traduction 9Avertissement 13Seuil 17Prologue 23Chronique 1806-1843 58Ăpilogue 199Catalogue des livres de Hölderlin dans la maison de NĂŒrtingen 221Bibliographie 225Liste des illustrations 229Index des noms 231 Note de traduction Pour la traduction française de la correspondance de Hölderlin Friedrich Hölderlin, Correspondance complĂšte trad. Denise Naville, Paris, Gallimard, les essais et fragments thĂ©oriques de Hölderlin citĂ©s dans le texte peuvent ĂȘtre consultĂ©s en français dans le volume des Ćuvres paru en 1967 dans la BibliothĂšque de la PlĂ©iade, sous la direction de Philippe Jaccottet Ătre et Jugement, p. 282-283 ; La DĂ©marche de lâesprit poĂ©tique, p. 610-626 ; De la Religion, p. 645-650 ; Fondement dâEmpĂ©docle, p. 656-670 ; Sur LâHĂ©roĂŻne » de Siegfried Schmid, p. 945-948 ; Remarques sur Ćdipe, p. 951-958 ; Remarques sur Antigone, p. 958-966 ; Fragments de Pindare, p. 967â972. Afin de respecter la logique lexicale et les Ă©chos terminologiques relevĂ©s et commentĂ©s par Giorgio Agamben, nous avons choisi de retraduire les extraits citĂ©s, en renonçant Ă suivre les traductions la mĂȘme raison, nous avons choisi de retraduire les poĂšmes de la tour 1806-1843, en consultant les traductions existantes principalement celles dâArmel Guerne, de Jean-Pierre Burgart et de Bernard Pautrat sans en suivre aucune en particulier. Le retour Ă une versification rĂ©guliĂšre et Ă la poĂ©sie rimĂ©e Ă©tant un des traits caractĂ©ristiques de la vie habitante » de Hölderlin selon Agamben, nous avons choisi de conserver ces caractĂšres formels isomĂ©trie et rimes. Nous remercions chaleureusement Pierre Vinclair dont les remarques nous ont aidĂ© Ă rĂ©viser notre traduction de ces poĂšmes.*en français dans le texte original. Avertissement Les documents utilisĂ©s pour la chronique de la vie de Hölderlin sont tirĂ©s principalement des volumes suivants F. Hölderlin, SĂ€mtliche Werke, Grosse Stuttgarter Ausgabe » Ă©d. F. Beissner et A. Beck, Cotta-Kohlhammer, vol. VII, Briefe- Dokumente, t. 1-3, Stuttgart, Hölderlin, SĂ€mtliche Werke, Kritische Textausgabe Ă©d. D. E. Sattler, Luchterhand, vol. IX, Dichtungen nach 1806. MĂŒndliches, Darmstadt et Neuwied, Beck et P. Raabe Ă©d., Hölderlin. Eine Chronik in Text und Bild, Frankfurt am Main, Insel, Wittkopf Ă©d., Hölderlin der Pflegsohn, Texte und Dokumente 1806-1843, Stuttgart, J. B. Metzler, 1993. Lâessentiel de la chronologie historique juxtaposĂ©e Ă la vie de Hölderlin pour les quatre premiĂšres annĂ©es 1806-1809 provient, pour les Ă©lĂ©ments concernant la vie de Goethe, de lâouvrage Goethes Leben von Tag zu Tag, Eine dokumentarische Chronik, vol. 1-8, Artemis Verlag, Zurich 1982-1996. Nous avons choisi dâinterrompre la chronologie historique en 1809, car il nous semblait avoir suffisamment mis en lumiĂšre le contraste avec la vie habitante de Hölderlin. Le lecteur qui le souhaite pourra consulter, outre la Vie de Goethe au jour le jour dĂ©jĂ mentionnĂ©e, nâimporte quel atlas historique. Seuil Dans son essai Le Narrateur, Benjamin dĂ©finit en ces termes la diffĂ©rence entre lâhistorien, qui Ă©crit lâhistoire, et le chroniqueur, qui la raconte Lâhistorien est tenu dâexpliquer dâune façon ou dâune autre les Ă©vĂ©nements dont il traite ; il ne saurait en aucun cas se contenter dâen faire montre comme dâĂ©chantillons des destinĂ©es terrestres. Câest justement cela que fait le chroniqueur ; et ses reprĂ©sentants classiques, les chroniqueurs du Moyen Ăge qui furent les prĂ©curseurs des historiens le font avec une insistance toute spĂ©ciale. Du fait que ces chroniqueurs fondent leur histoire sur les desseins divins qui sont insondables, ils se sont dĂ©barrassĂ©s a priori de la charge dâune explication dĂ©montrable. Lâexplication cĂšde la place Ă lâinterprĂ©tation Auslegung. Cette derniĂšre ne sâoccupe nullement dâenchaĂźner avec prĂ©cision des Ă©vĂ©nements dĂ©terminĂ©s, elle borne sa tĂąche en dĂ©crivant comment ils sâinsĂšrent dans la trame insondable des destins terrestres. » Que les destinĂ©es terrestres soient conditionnĂ©es par la grĂące divine ou bien par un ordre naturel, lĂ nâest pas la diffĂ©rence essentielle. La lecture des nombreux ouvrages qui, depuis la fin du Moyen Ăge, nous sont parvenus sous le nom de chronique », dont certains ont dĂ©jĂ un caractĂšre indiscutablement historique, confirme les propositions de Benjamin et invite Ă y apporter quelques prĂ©cisions. La premiĂšre est que, sâil peut arriver quâune chronique explique les Ă©vĂ©nements quâelle relate, cette explication reste en gĂ©nĂ©ral clairement distincte de la narration. Alors que dans un texte sans aucune doute historique comme la Cronica de Matteo Villani rĂ©digĂ©e vers la moitiĂ© du XIVe siĂšcle la narration et lâexplication des faits sont Ă©troitement unies, dans la chronique contemporaine des mĂȘmes Ă©vĂ©nements Ă©crite en langue vernaculaire romaine par un chroniqueur anonyme, elles se trouvent expressĂ©ment distinctes et une telle distinction donne au rĂ©cit cette vivacitĂ© Ă quoi lâon reconnaĂźt immĂ©diatement les chroniques CâĂ©tait en lâan du Seigneur MCCCLIII, pendant le CarĂȘme, un samedi de fĂ©vrier une voix se leva soudain par le marchĂ© de Rome Peuple, peuple ! » Ă cette voix les Romains se mirent Ă courir deçà delĂ comme des dĂ©mons, enflammĂ©s dâune fureur terrible. Ils jettent des pierres sur le palais ils emportent tout, en particulier les chevaux du sĂ©nateur. Lorsque le comte Bertollo delli Orsini entendit le bruit, il ne pensa quâĂ se sauver et Ă se rĂ©fugier chez lui. Il sâarma de pied en cap, casque rutilant sur la tĂȘte, Ă©perons aux pieds comme un baron. Alors quâil descendait les escaliers pour monter sur son cheval, les cris et la fureur se tournent vers lâinfortunĂ© sĂ©nateur. Plus de pierres et de cailloux lui pleuvent dessus que de feuilles tombant des arbres. Qui les jette, qui les promet. Au sĂ©nateur assommĂ© de tant de coups nâĂ©tait dâaucune utilitĂ© le couvert de son armure. Il trouva pourtant la force dâatteindre Ă pied le palais, oĂč se trouvait une image de la Vierge Marie. Câest lĂ quâil perdit connaissance sous la pluie de pierres qui tombait sur lui. Alors le peuple sans pitiĂ©, Ă cet endroit mĂȘme, le lapide comme un chien, lui jette des pierres sur la tĂȘte comme Ă saint Ătienne. Et câest lĂ que le comte quitta la vie, excommuniĂ©. Il ne dit plus mot. Une fois mort, on le laissa lĂ et chacun sâen retourna chez lui Seibt, p. 13. Le rĂ©cit sâarrĂȘte lĂ et, bien sĂ©parĂ©e par une phrase en latin plutĂŽt incongrue, le chroniqueur introduit une explication froide et raisonnable La raison dâune telle sĂ©vĂ©ritĂ© Ă©tait que ces deux sĂ©nateurs vivaient comme des tyrans. Ils avaient mauvaise rĂ©putation lĂ -bas, parce quâils faisaient sortir de lâargent de Rome par voie de mer » ; mais cette explication est si peu contraignante que le chroniqueur en ajoute immĂ©diatement une autre, dâaprĂšs laquelle la violence du peuple chĂątiait ainsi la violation des choses de lâĂglise » ibid.. Alors quâaux yeux de lâhistorien, chaque fait porte une signature qui le renvoie Ă un processus historique dont sa signification dĂ©pend, les raisons que donne le chroniqueur ne lui servent quâĂ reprendre haleine avant de poursuivre une histoire qui sâen passe elle-mĂȘme trĂšs bien. La seconde prĂ©cision concerne lâexacte concatĂ©nation » chronologique des Ă©vĂ©nements, que le chroniqueur nâignore pas plus quâil ne se contente de lâinsĂ©rer dans le contexte de lâhistoire naturelle. Ainsi, dans lâexemple que Benjamin emprunte au Tesoretto de Hebel, le rĂ©cit merveilleux de la rencontre entre la femme ĂągĂ©e et le cadavre de son jeune fiancĂ© conservĂ© intact dans la glace sâinscrit dans une sĂ©rie chronologique oĂč Ă©vĂ©nements historiques et Ă©vĂ©nements naturels se juxtaposent, et oĂč le tremblement de terre de Lisbonne et la mort de lâimpĂ©ratrice Marie-ThĂ©rĂšse, la rotation des meules des moulins et les guerres napolĂ©oniennes, les semailles des paysans et le bombardement de Copenhague se trouvent situĂ©s sur le mĂȘme plan. De la mĂȘme façon, les chroniques mĂ©diĂ©vales ponctuent le cours des Ă©vĂ©nements historiques aussi bien des dates de lâAnno Domini que du rythme des jours et des saisons au lever du jour », au coucher du soleil », CâĂ©tait le temps des vendanges. Les gens foulaient le raisin mĂ»r ». Les Ă©vĂ©nements que nous avons lâhabitude de privilĂ©gier en tant quâhistoriques, la chronique ne les distingue pas des incidences que nous attribuons Ă la sphĂšre insignifiante de lâexistence privĂ©e. Mais le temps dans lequel la chronique inscrit les Ă©vĂ©nements diffĂšre du temps historique, en cela que nulle chronographie ne lâa construit en le soustrayant une fois pour toutes au temps de la nature. Câest le mĂȘme temps que celui qui mesure la course dâun fleuve ou la succession des saisons. Cela ne veut pas dire que les faits relatĂ©s par le chroniqueur sont des Ă©vĂ©nements naturels. Ils semblent plutĂŽt remettre en question lâopposition mĂȘme de lâhistoire et de la nature. Entre histoire politique et histoire naturelle, le chroniqueur insinue un tiers, qui nâest ni sur la terre ni au ciel, mais qui le regarde de trĂšs prĂšs. Il ne fait pas de diffĂ©rence entre les actions des hommes res gestae et le rĂ©cit de ces actions historia rerum gestarum, comme si son geste de narrateur faisait partie intĂ©grante de celles-ci. Pour cette raison, lecteurs et auditeurs de la chronique ne sauraient se poser la question de savoir si elle est vraie ou fausse. Le chroniqueur nâinvente rien et nâa pas pour autant besoin de vĂ©rifier lâauthenticitĂ© de ses sources, tĂąche Ă laquelle lâhistorien ne saurait en aucun cas se soustraire. La voix est son seul document â la sienne et celle quâil a entendue raconter avant lui lâaventure, triste ou heureuse, quâil rapporte. Le recours Ă la forme littĂ©raire de la chronique a dans notre cas une signification supplĂ©mentaire. Comme le titre du poĂšme HĂ€lfte des Lebens La MoitiĂ© de la vie semble le suggĂ©rer de maniĂšre prophĂ©tique, la vie de Hölderlin se divise exactement en deux moitiĂ©s trente-six ans de 1770 Ă 1806 et trente-six ans de 1807 Ă 1843, ces derniers passĂ©s comme fou dans la maison du menuisier Zimmer. Dans la premiĂšre moitiĂ© de sa vie, le poĂšte redoute son Ă©loignement de la vie commune, mais vit dans le monde et participe dans la mesure de ses forces aux Ă©vĂ©nements de son temps ; sâagissant en revanche de la seconde moitiĂ©, il la passe toute entiĂšre hors du monde, comme si, malgrĂ© les visites occasionnelles quâil reçoit encore, un mur le sĂ©parait de toute relation avec les Ă©vĂ©nements extĂ©rieurs. Il est symptomatique que, lorsquâun visiteur lui demande sâil est heureux de ce qui se passe en GrĂšce, il se contente de rĂ©pondre, selon un scĂ©nario devenu habituel Votre royale MajestĂ©, je ne dois ni ne peux rĂ©pondre Ă cela. » Pour des raisons que, peut-ĂȘtre, le lecteur finira par trouver limpides, Hölderlin a dĂ©cidĂ© de purger les actions et les gestes de son existence de tout caractĂšre historique. Selon le tĂ©moignage de son plus ancien biographe, il rĂ©pĂ©tait opiniĂątrement Es geschieht mir nichts » â littĂ©ralement Il ne mâarrive rien ». Sa vie ne peut faire lâobjet que dâune chronique, pas dâune enquĂȘte historique et encore moins dâune analyse clinique ou psychologique. La publication incessante de nouveaux documents sur ses derniĂšres annĂ©es et en 1991 une importante dĂ©couverte dans les archives de NĂŒrtingen revĂȘt en ce sens un caractĂšre incongru et ne semble rien ajouter Ă la connaissance que nous pouvons en avoir. Se trouve confirmĂ© ici le principe mĂ©thodologique selon lequel la teneur en vĂ©ritĂ© dâune vie ne saurait ĂȘtre Ă©puisĂ©e par le discours, mais doit en quelque sorte rester cachĂ©e. Un tel impondĂ©rable se prĂ©sente plutĂŽt comme le point de fuite oĂč se rejoignent Ă lâinfini une multitude de faits et dâĂ©pisodes qui sont les seuls Ă pouvoir ĂȘtre formulĂ©s de façon discursive dans une biographie. La teneur en vĂ©ritĂ© dâune existence, quoiquâĂ jamais informulable, se manifeste dĂšs lors que lâon pose cette existence comme figure », câest-Ă -dire comme quelque chose qui renvoie Ă un sens rĂ©el, mais cachĂ©. Ce nâest quâau moment oĂč nous percevons une existence comme une figure » de ce type que tous les Ă©pisodes en quoi elle semble consister trouvent leur place et manifestent leur vraisemblance contingente â câest-Ă -dire renoncent Ă la prĂ©tention de donner accĂšs Ă la vĂ©ritĂ© de cette existence. En se montrant mĂ©thodiquement comme non-chemin, a methodos, ils indiquent nĂ©anmoins avec prĂ©cision la direction que doit suivre le regard du chercheur. La vĂ©ritĂ© dâune existence sây rĂ©vĂšle irrĂ©ductible aux Ă©vĂ©nements et aux choses Ă travers lesquels elle se prĂ©sente Ă nos yeux, et il nous faut donc, sans nous dĂ©tourner dâeux complĂštement, contempler ce qui dans cette existence est uniquement figure. La vie de Hölderlin dans la tour fournit la preuve implacable de ce caractĂšre figural de la vĂ©ritĂ©. Bien quâelle semble se rĂ©duire Ă une sĂ©rie dâĂ©vĂ©nements et dâhabitudes plus ou moins insignifiants, que les visiteurs sâobstinent Ă dĂ©crire avec minutie, rien ne peut vraiment y arriver Es geschieht mir nichts. Dans la figure, la vie est purement connaissable et ne peut donc jamais devenir comme telle un objet de connaissance. Produire une vie comme figure, comme cette chronique tentera de le faire, câest renoncer Ă la connaĂźtre afin de la maintenir, intacte et dĂ©sarmĂ©e, dans sa puissance dâĂȘtre connue conoscibilitĂ . DâoĂč le choix de juxtaposer pour exemple la chronique des annĂ©es de la folie et la chronologie de lâhistoire europĂ©enne contemporaine y compris dans ses aspects culturels, dont Hölderlin â au moins jusquâen 1826 et la parution des PoĂ©sies Ă©ditĂ©es par Ludwig Uhland et Gustav Schwab â se trouve entiĂšrement exclu. Si et en quelle mesure, dans le cas qui nous occupe â et peut-ĂȘtre en gĂ©nĂ©ral â, la chronique est plus vraie que lâhistoire, câest au lecteur quâil reviendra de trancher. Quoi quâil en soit, la vĂ©ritĂ© dâune telle chronique dĂ©pendra essentiellement de la tension qui, en la dissociant de la chronologie historique, en rend durablement impossible lâarchivage. 3. Laisez-passer de la police de Bordeaux 1802. Prologue Vers la mi-mai 1802, Hölderlin, qui, pour des raisons qui nous Ă©chappent, a quittĂ© le poste de prĂ©cepteur dans la famille du consul Meyer Ă Bordeaux quâil nâoccupait que depuis trois mois, fait une demande de passeport et part Ă pied pour lâAllemagne, en passant par AngoulĂȘme, Paris et Strasbourg, oĂč le 7 juin la police lui dĂ©livre un laissez-passer. Vers la fin du mois de juin ou le dĂ©but du mois de juillet, un homme pĂąle comme un cadavre, Ă©maciĂ©, aux yeux sauvages et creux, Ă la barbe et aux cheveux longs, habillĂ© comme un mendiant » apparaĂźt chez Friedrich Matthisson et, dâune voix caverneuse », profĂšre un seul mot Hölderlin ». Peu aprĂšs, cet homme dĂ©barque chez sa mĂšre Ă NĂŒrtigen, dans un Ă©tat quâune biographie rĂ©digĂ©e une quarantaine dâannĂ©es plus tard dĂ©crit ainsi Il apparut avec une expression troublĂ©e et des gestes furieux, dans lâĂ©tat de folie le plus dĂ©sespĂ©rĂ© verzweifeltsten Irrsinn et dans des vĂȘtements qui semblaient confirmer la dĂ©claration selon laquelle on lâavait dĂ©valisĂ© en chemin. » En 1861, lâĂ©crivain Moritz Hartmann publia dans la revue illustrĂ©e pour les familles » Freya, sous le titre de Conjecture » Vermutung, une histoire que, selon ses dires, lui aurait racontĂ©e dans son chĂąteau de Blois une certaine dame simplement identifiĂ©e comme Madame de S... Une cinquantaine dâannĂ©es plus tĂŽt, au dĂ©but du siĂšcle, alors quâelle avait quatorze ou quinze ans, elle se rappelait trĂšs bien avoir vu de son balcon un homme qui, selon toute apparence, errait au hasard dans les champs, comme ne cherchant rien et nâayant aucun but » Il revenait souvent sur ses pas et sâarrĂȘtait au mĂȘme endroit sans sâen rendre compte. Le mĂȘme jour Ă la mi-journĂ©e, je le rencontrai par hasard, mais il Ă©tait tellement absorbĂ© dans ses pensĂ©es quâil me dĂ©passa sans me voir. Lorsque, quelques minutes plus tard, Ă un tournant, il se trouva de nouveau devant moi, son regard fixait le lointain, plein dâune indicible nostalgie. De ces deux rencontres, la petite fille idiote que jâĂ©tais alors Ă©prouva une grande terreur je dĂ©talai vers la maison et me cachai derriĂšre mon pĂšre. La vue de cet Ă©tranger me remplissait pourtant dâune sorte de compassion que je nâarrivais pas Ă mâexpliquer. Ce nâĂ©tait pas la compassion que lâon ressent devant un homme pauvre et qui a besoin de notre secours, bien que lâĂ©tranger en eĂ»t tout lâair, avec ses habits en dĂ©sordre, malpropres et loqueteux. Ce qui remplissait de pitiĂ© et de compassion mon cĆur de jeune fille Ă©tait cet air de noble chagrin en mĂȘme temps que la sensation que son esprit Ă©tait perdu au loin parmi des ĂȘtres chers. Le soir, je parlai de lâĂ©tranger Ă mon pĂšre et il me dit que ce devait ĂȘtre un de ces innombrables prisonniers de guerre ou exilĂ©s politiques quâon autorisait Ă vivre en libertĂ© conditionnelle dans les provinces intĂ©rieures de la France. » Quelques jours plus tard, poursuit lâhistoire, la jeune fille vit lâinconnu errer dans le parc, prĂšs dâun grand bassin Ă la balustrade ornĂ©e dâune vingtaine de statues reprĂ©sentant des divinitĂ©s grecques. Lorsque lâĂ©tranger aperçut ces divinitĂ©s, il se hĂąta vers elles Ă grands pas, plein dâenthousiasme. Il leva les bras trĂšs haut, comme en priĂšre, et il nous sembla, depuis le balcon, quâil prononçait Ă voix haute des paroles en accord avec ses gestes inspirĂ©s. » Une autre fois, sâadressant Ă son pĂšre qui lâavait autorisĂ© Ă se promener Ă sa guise dans le parc Ă cĂŽtĂ© des statues, lâĂ©tranger sâexclama dans un sourire Les dieux ne sont pas la propriĂ©tĂ© des humains, ils appartiennent au monde et il suffit quâils nous sourient pour que nous leur appartenions. » Le pĂšre lui demanda sâil Ă©tait grec. Non ! soupira lâĂ©tranger. Tout au contraire, je suis allemand ! â Tout au contraire ? rĂ©pondit mon pĂšre. Un Allemand est tout le contraire dâun Grec ? â Oui, rĂ©pondit lâĂ©tranger avec brusquerie et, peu aprĂšs, il ajouta Tous autant que nous sommes ! Vous, les Français, et mĂȘme vos ennemis, les Anglais, tous autant que nous sommes ! »La description qui suit quelques lignes plus loin exprime bien lâimpression de noblesse et de folie que suscitait lâapparence de lâĂ©tranger â ainsi que lâanonyme Madame le nomme tout au long de son rĂ©cit Il nâĂ©tait pas beau et semblait prĂ©maturĂ©ment vieilli, bien quâil ne pĂ»t avoir plus de trente ans ; son regard Ă©tait ardent et pourtant plein de douceur, sa bouche Ă la fois Ă©nergique et tendre, et il Ă©tait Ă©vident que ses haillons ne correspondaient ni Ă sa classe ni Ă son Ă©ducation. Je fus heureuse quand mon pĂšre lâinvita Ă nous suivre dans la maison. Il accepta lâinvitation sans cĂ©rĂ©monie, et nous accompagna pendant que nous parlions ; de temps en temps, il posait la main sur ma tĂȘte, ce qui mâeffrayait et me ravissait Ă la fois. Mon pĂšre Ă©tait manifestement intĂ©ressĂ© par lâĂ©tranger et souhaitait lâentendre encore converser de façon si singuliĂšre, mais, parvenu au salon, il ne tarda pas Ă dĂ©chanter . LâĂ©tranger marcha tout droit vers le canapĂ©, dĂ©clara "Je suis fatiguĂ©", se coucha en marmonnant des paroles incomprĂ©hensibles et aussitĂŽt sâendormit. Nous nous regardĂąmes avec Ă©tonnement. "Est-il fou ?" sâexclama ma tante, mais mon pĂšre secoua la tĂȘte "Câest un original, dit-il, un Allemand." » Dans les jours qui suivent, lâimpression de folie ne fait quâaugmenter. Tout le bien que nous pensons, dit lâĂ©tranger Ă propos de lâimmortalitĂ©, devient un GĂ©nie qui ne nous abandonne plus et nous accompagne invisible, sous la plus belle figure et pour toute la vie... Ces gĂ©nies sont la naissance, ou, si lâon veut, une partie de notre Ăąme, et ce nâest quâen cette partie que notre Ăąme est immortelle. Les grands artistes nous ont laissĂ© dans leurs Ćuvres les images de leurs GĂ©nies, mais ces images ne sont pas les GĂ©nies mĂȘmes. » Ă la tante qui lui demande sâil est lui mĂȘme immortel en ce sens Moi ? rĂ©torque-t-il avec brusquerie. Moi qui suis assis ici devant vous ? Non ! Je ne suis plus capable de penser le beau. Mon moi dâil y a dix ans, oui, celui-lĂ est immortel ! » Quand le pĂšre lui demande comment il sâappelle, lâĂ©tranger rĂ©pond Je vous le dirai demain. Croyez-moi, il mâest parfois difficile de me rappeler mon nom. » Une derniĂšre fois, alors que son comportement Ă©tait devenu de plus en plus inquiĂ©tant, on le vit errer Ă pas lents et presque se perdre dans le bois du parc. Un ouvrier nous dit lâavoir vu assis sur un banc. AprĂšs quelques heures, comme il ne revenait pas, mon pĂšre partit Ă sa recherche. Il nâĂ©tait plus dans le parc. Mon pĂšre parcourut Ă cheval toute la contrĂ©e. LâĂ©tranger avait disparu et je ne lâai jamais revu. » Câest alors que lâauteur fait part Ă la narratrice de son hypothĂšse Ce nâest quâune conjecture... Je crois quâĂ cette Ă©poque vous avez rencontrĂ© un poĂšte allemand, noble et extraordinaire, du nom de Friedrich Hölderlin. » Bien que Norbert von Hellingrath la reproduise dans son essai sur la folie de Hölderlin, cette conjecture » a tout lâair dâune invention de Hartmann, forgĂ©e Ă une Ă©poque oĂč la lĂ©gende du poĂšte fou, dĂ©sormais bien Ă©tablie, pouvait attirer lâattention des lecteurs. Le diagnostic clinique, attestĂ© par C. T. Schwab Ă une date trop prĂ©coce, nâest sans doute que la projection rĂ©trospective dâun Ă©tat de dĂ©mence du poĂšte dont en 1846 â annĂ©e de publication de la biographie â plus personne ne doutait. En vĂ©ritĂ©, le long voyage Ă pied de Bordeaux Ă Stuttgart, au cours duquel il avait Ă©tĂ© dĂ©valisĂ© de tous ses biens, lâĂ©puisement et le manque de nourriture suffisaient Ă expliquer lâaspect dĂ©fait du poĂšte. Hölderlin se remet trĂšs vite et retourne chez ses amis Ă Stuttgart, mais quelques jours plus tard, une lettre de Sinclair lui apprend la mort de sa bien-aimĂ©e Susette Gontard et il sombre dans le plus profond dĂ©sespoir. Mais mĂȘme de cette douleur il finit par se remettre et, fin septembre 1802, se rend Ă Ratisbonne Ă lâinvitation de Sinclair, qui dira plus tard ne lâavoir jamais connu aussi plein de vigueur intellectuelle et spirituelle que pendant ces quelques jours. Par lâentremise de Sinclair, qui agit en qualitĂ© de diplomate du petit Ătat, il rencontre le landgrave de Hombourg, FrĂ©dĂ©ric V. Il commence Ă travailler Ă sa traduction de Sophocle et, dans les mois qui suivent, compose lâhymne Patmos, quâil dĂ©die au landgrave le 13 janvier de lâannĂ©e suivante. Il sĂ©journe de nouveau Ă NĂŒrtigen et Ă©crit en novembre Ă son ami Böhlendorf une lettre dans laquelle il dĂ©clare La nature du pays natal se saisit de moi dâautant plus puissamment que je lâĂ©tudie davantage. » Il soutient que le chant des poĂštes changera nĂ©cessairement de caractĂšre, parce que ceux-ci repartiront des Grecs et recommenceront Ă chanter des chants natals vaterliindisch et naturels, proprement originaux ».Le passage fait implicitement rĂ©fĂ©rence Ă une lettre au mĂȘme ami, datĂ©e du 4 dĂ©cembre 1801, peu avant le dĂ©part de Bordeaux, oĂč il Ă©crivait Rien nâest plus difficile Ă apprendre que le libre usage du national Nationelle, qui nâa pas le sens exclusivement politique que lâadjectif acquerra progressivement sous la forme National. Et je crois que la clartĂ© de lâexposition nous est Ă lâorigine aussi naturelle que le feu du ciel aux Grecs... Cela a lâair dâun paradoxe, mais je le rĂ©pĂšte, en te laissant libre dâen juger et dâen user Ă travers le progrĂšs de la culture, lâĂ©lĂ©ment proprement national restera toujours le point de moindre excellence. VoilĂ pourquoi les Grecs sont moins maĂźtres du pathos sacrĂ©, car celui ci leur est innĂ©, alors quâils excellent dans le don dâexposition... Chez nous câest lâinverse. VoilĂ pourquoi il est si dangereux de dĂ©duire les rĂšgles de notre art de la seule et unique perfection grecque. Jâai longuement mĂ»ri cette question, et je sais maintenant quâen dehors de ce qui, pour les Grecs comme pour nous, doit ĂȘtre le plus haut, câest-Ă -dire la relation vivante et le destin vivant, nous ne pouvons probablement rien avoir de commun avec eux. Mais ce que nous avons en propre doit ĂȘtre appris au mĂȘme titre que ce qui nous est Ă©tranger. Câest en cela que les Grecs nous sont indispensables. MĂȘme si, prĂ©cisĂ©ment dans ce qui nous est propre et national, nous ne serons jamais Ă leur hauteur, parce que, comme je lâai dit, le plus difficile est le libre usage du propre. Câest cela mĂȘme quâĂ mon sens tâa inspirĂ© ton bon gĂ©nie traiter ton drame de maniĂšre Ă©pique. Câest dâun bout Ă lâautre une authentique tragĂ©die moderne. Car ce qui est tragique chez nous, câest notre façon de quitter tout doucement le royaume des vivants dans un quelconque empaquetage, et non que les flammes nous dĂ©vorent en expiation de la flamme que nous nâavons pas su dompter. » Il importe de ne pas oublier le tournant national » et lâabandon du modĂšle tragique grec annoncĂ©s dans ce passage, si lâon veut comprendre lâĂ©volution ultĂ©rieure de la pensĂ©e de Hölderlin et sa prĂ©tendue folie. AprĂšs des mois de travail intense au cours desquels il Ă©crit lâhymne Andenken et termine les traductions de Sophocle une lettre de son ami Landauer nous apprend que le poĂšte passe toute la journĂ©e et la moitiĂ© de la nuit » Ă Ă©crire, au point que ses amis ne semblent plus exister », au dĂ©but de juin 1803, Hölderlin se rend Ă pied, Ă travers champs et comme guidĂ© par lâinstinct », au couvent de Murrhardt, oĂč Schelling est en visite chez ses parents avec sa femme Karoline son pĂšre est prĂ©lat dans ce couvent. La lettre que, quelques jours plus tard, Schelling, qui connaissait Hölderlin depuis ses Ă©tudes de thĂ©ologie au Stift de TĂŒbingen, Ă©crit Ă Hegel est considĂ©rĂ©e comme lâun des tĂ©moignages les plus sĂ»rs que le poĂšte avait dâores et dĂ©jĂ sombrĂ© dans la folie. Ce que jâai vu de plus triste pendant mon sĂ©jour, ce fut Hölderlin. Depuis son voyage en France, oĂč il sâest rendu sur les conseils du professeur Strohlin, avec une idĂ©e tout Ă fait erronĂ©e de ce qui lâattendait lĂ -bas, et dâoĂč il est immĂ©diatement revenu, parce quâil semble quâon lui ait imposĂ© des obligations en partie impossibles Ă satisfaire et en partie inconciliables avec sa sensibilitĂ© â depuis ce voyage fatal, son esprit semble ĂȘtre complĂštement dĂ©truit zerrĂŒttet, le verbe reviendra souvent pour dĂ©signer lâĂ©tat du poĂšte, et malgrĂ© quelques travaux comme des traductions du grec, dont il est encore capable dans une certaine mesure, il se trouve dans un Ă©tat de complĂšte absence dâesprit in einer volkommenen Geistesabwesenheit â le terme dâ absence » aussi sera souvent employĂ© pour qualifier sa folie. Le voir mâa bouleversĂ© il nĂ©glige son aspect extĂ©rieur jusquâĂ paraĂźtre rĂ©pugnant et, tandis que ses discours ne font pas penser aux discours dâun fou, il a complĂštement adoptĂ© angenommen les maniĂšres extĂ©rieures die Ă©iusseren Manieren de ceux qui se trouvent dans cette condition. Ici, il nây a pour lui aucun espoir de rĂ©tablissement. Je pensais te demander de prendre soin de lui au cas oĂč, comme il le souhaite, il se rendrait Ă IĂ©na. » Pierre Bertaux, germaniste qui fut un des acteurs de la rĂ©sistance française et consacra Ă Hölderlin des Ă©tudes particuliĂšrement pĂ©nĂ©trantes, fait remarquer que le tĂ©moignage de Schelling est tout Ă fait singulier et quelque peu contradictoire. Quoique dans un Ă©tat de complet abrutissement, Hölderlin est capable de traduire du grec comme si traduire Sophocle ne supposait pas une capacitĂ© intellectuelle considĂ©rable ; en outre, les propos de son ami Ă©tant tout Ă fait normaux, Schelling peut seulement affirmer quâil a adoptĂ© les maniĂšres extĂ©rieures » dâun fou â et donc quâil nâest pas fou. Les mĂȘmes contradictions se retrouvent dans une lettre de Schelling Ă©crite Ă Gustav Schwab plus de quarante ans plus tard, alors que Hölderlin est mort depuis quatre ans, dans laquelle il Ă©voque la visite de son ami Ă Murrhardt Ce furent de tristes retrouvailles, car je fus immĂ©diatement convaincu que cet instrument si dĂ©licatement accordĂ© Ă©tait Ă jamais dĂ©truit. Lorsque je lui suggĂ©rais une idĂ©e, sa premiĂšre rĂ©ponse Ă©tait toujours juste et adĂ©quate, mais dans les paroles qui venaient ensuite, son esprit perdait le fil. Mais il mâa fait Ă©prouver la vĂ©ritable force dâune grĂące innĂ©e, originelle. Pendant les quelque trente-six heures quâil a passĂ©es avec nous, il nâa rien dit ni fait dâinconvenant, rien qui ne dĂ©mente lâimpeccable noblesse de celui quâil avait Ă©tĂ©. Ce fut un adieu douloureux sur la route de Sulzbach, je crois. Je ne lâai plus jamais revu. » Une fois encore, rien ne permet de comprendre en quoi lâinstrument si dĂ©licatement accordĂ© aurait Ă©tĂ© brisĂ©. Il y avait manifestement dans les paroles et dans lâapparence de Hölderlin quelque chose que son ami Ă©tait incapable de saisir, lui qui avait pourtant Ă ce point partagĂ© son amour de la philosophie que les historiens hĂ©sitent parfois Ă attribuer Ă lâun ou Ă lâautre les textes qui nous sont parvenus sans nom dâauteur. La seule explication possible est que, dans ces annĂ©es-lĂ , la pensĂ©e de Hölderlin sâĂ©tait tellement Ă©loignĂ©e de celle de Schelling que celui-ci prĂ©fĂ©rait simplement la lettres que la mĂšre du poĂšte Ă©crit Ă Sinclair manifestent la mĂȘme ambiguĂŻtĂ©, comme sâil fallait Ă tout prix attester dâune folie que les faits semblent dĂ©mentir. Sinclair devait se rendre compte que lâattitude de la mĂšre pouvait ĂȘtre prĂ©judiciable et, ne dĂ©celant chez son ami aucun vĂ©ritable trouble mental » Geistesverwirrung, il lui Ă©crit le 17 juin 1803 quâil devait ĂȘtre douloureux pour son Lorsquâen 1797 Goethe avait lu les poĂšmes Der Aether et Der Wanderer, il nâavait pas ri il les avait dĂ©clarĂ©s pas complĂštement irrecevables » [nicht ganz ungĂŒnstig] et avait conseillĂ© au jeune poĂšte de faire des petits poĂšmes et de se consacrer Ă quelque sujet humainement intĂ©ressant ». Ni les traductions de Sophocle ni les traductions de Pindare, qui datent de la mĂȘme pĂ©riode, ne cherchent â selon ce quâon entendait communĂ©ment et ce quâon entend encore aujourdâhui le plus souvent par traduction » â Ă trouver dans leur propre langue un Ă©quivalent sĂ©mantique de la langue Ă©trangĂšre, mais semblent plutĂŽt tendre, comme on lâa fait remarquer Ă juste titre, vers une sorte de mimĂšsis » â voire de mimĂ©tisme » â de la forme de lâoriginal p. 959 ; cf. F. Christen, p. 23. _ Selon un modĂšle que CicĂ©ron considĂ©rait dĂ©jĂ comme aberrant, Hölderlin ne se contente pas de traduire verbum pro verbo, mot Ă mot, mais oblige la syntaxe de sa langue Ă adhĂ©rer point par point Ă lâarticulation syntaxique du grec. La littĂ©ralitĂ© est si obsessionnellement recherchĂ©e que le traducteur nâhĂ©site pas Ă inventer des nĂ©ologismes qui correspondent dans leur structure mĂȘme aux mots de lâoriginal le grec siderocharmes, que les dictionnaires rendent par guerrier », est Ă©tymologiquement traduit par eisenerfreuten â littĂ©ralement que le fer rĂ©jouit ». Le rĂ©sultat de cette sur-littĂ©ralitĂ© » Schadewaldt, p. 244 recherchĂ©e de maniĂšre obsessionnelle est que la traduction semble souvent sâĂ©loigner tellement du sens de lâoriginal quâon a pu imprudemment parler dâerreurs de traduction en bonne et due forme, consĂ©quences dâune connaissance relativement limitĂ©e du grec » ou de la raretĂ© des textes auxiliaires » p. 243. Il nâest pas surprenant que mĂȘme un lecteur aussi bien disposĂ© que Schwab ait pu Ă©crire quâune telle traduction intĂ©gralement littĂ©rale » Ă©tait incomprĂ©hensible sans lâ partir de la dissertation de Norbert von Hellingrath sur les PindarĂŒbertragungen 1910, le jugement portĂ© sur les traductions hölderliniennes du grec Ă©volue progressivement. En Ă©tablissant une distinction au sein de la rhĂ©torique grecque entre deux maniĂšres dâharmoniser chaque mot avec le contexte sĂ©mantique de la phrase, Hellingrath oppose une connexion douce » glatte FĂŒgung, dans laquelle tous les mots sont strictement subordonnĂ©s au contexte syntaxique, Ă une connexion rude » harte FĂŒgung, comme celle quâemploie Hölderlin, dans laquelle au contraire chaque mot tend Ă sâisoler et Ă devenir presque indĂ©pendant du contexte, de sorte que le sens global est souvent ouvert Ă de multiples interprĂ©tations et que le lecteur a lâimpression dâĂȘtre devant une langue insolite et Ă©trangĂšre » Hellingrath, p. 23. Dans son essai La TĂąche du traducteur, Benjamin reprend la suggestion dâHellingrath et distingue entre une traduction qui ne vise que la reproduction du sens et une traduction dans laquelle le sens nâest effleurĂ© par les vents du langage quâĂ la maniĂšre dâune harpe Ă©olienne » Benjamin, p. 21, car, comme câest le cas pour Hölderlin, lâobjet du traducteur est prĂ©cisĂ©ment ce qui est incommunicable dans une langue. Les Ă©tudes qui, dans le sillage de Benjamin, tendent Ă renverser le prĂ©jugĂ© traditionnel et Ă voir dans les traductions de Hölderlin un vĂ©ritable paradigme poĂ©tologique se sont multipliĂ©es au point de privilĂ©gier un modĂšle de traduction foreignizing par opposition Ă un modĂšle domesticating, dans lequel le traducteur prĂ©tend rester invisible Venuti, p. 5. Les prĂ©tendues erreurs de traduction de Hölderlin passent plutĂŽt dĂ©sormais pour des schopferische IrrtĂŒmer erreurs crĂ©atrices », Schadewaldt, p. 247 ou pour le rĂ©sultat dâune kĂŒnsterlische Gestaltungswille volontĂ© de crĂ©ation artistique », Schmidt, p. 1328.On ne saurait pourtant comprendre lâaspect le plus singulier des traductions de Hölderlin et de leur imitation formelle de lâoriginal sans partir de lâobjectif que ces traductions poursuivaient. Comme on lâa fait remarquer Binder, p. 21, Hölderlin nâavait pas lâintention dâenrichir de quelque maniĂšre que ce soit le patrimoine des traductions de la littĂ©rature allemande, mais plutĂŽt de se mesurer Ă un problĂšme Ă la fois personnel et historico-philosophique. Pour lui, il ne sâagissait ni plus ni moins que de pousser Ă lâextrĂȘme le mode poĂ©tique grec par rapport au mode allemand ou hespĂ©rique, comme il le nomme dans ses Notes Ă Sophocle, afin dâen exposer la nature propre et, en mĂȘme temps, dâen corriger » lâ la leçon limpide de la lettre Ă Böhlendorf le thĂ©orĂšme selon lequel le libre usage du propre est la chose la plus difficile implique que les Grecs, pour qui le feu cĂ©leste et la passion sont lâĂ©lĂ©ment propre et national â et donc aussi le point faible â, trouveront leur Ăąge dâor dans ce qui leur est Ă©tranger, Ă savoir dans la clartĂ© de lâexposition quâHölderlin appelle aussi sobriĂ©tĂ© junonienne ». Les HespĂ©riques, Ă qui la sobriĂ©tĂ© et la clartĂ© de lâexposition appartiennent en propre, excelleront dans le feu et la passion cĂ©lestes, qui leur sont Ă©trangers, tandis quâils seront faibles et maladroits dans la limpiditĂ© de lâexposition. DâoĂč la complexitĂ© de la double opĂ©ration qui a lieu dans la traduction du grec dâune part, les Grecs, qui ont rĂ©pudiĂ© lâĂ©lĂ©ment qui leur Ă©tait propre pour exceller dans le don de lâexposition, sont ramenĂ©s, par lâaccentuation de lâĂ©lĂ©ment oriental, Ă leur Ă©lĂ©ment national, le feu cĂ©leste, qui est aussi leur faiblesse ; dâautre part, dans une symĂ©trie inverse, les HespĂ©riques, qui excellent dans la passion et le feu cĂ©leste qui leur sont Ă©trangers, confrontĂ©s au modĂšle grec dont ils corrigent les errements, sont rendus Ă la clartĂ© de lâexposition, en quoi consiste pourtant leur nâest que relativement Ă cette tĂąche ardue et double que le respect obsessionnel de la lettre et lâobscuritĂ© des traductions de Hölderlin acquiĂšrent leur vĂ©ritable signification la sobriĂ©tĂ© junonienne Ă laquelle le poĂšte grec est parvenu est rendue opaque et presque illisible dans la mesure oĂč le traducteur hespĂ©rique voit la clartĂ© dâexposition qui lui est propre se plier Ă lâexigence Ă©trangĂšre de la passion et de sa correction â et, en mĂȘme temps, faire signe en direction dâun Ă©lĂ©ment national faible et manquant. En dâautres termes, le libre usage du propre est une opĂ©ration bipolaire, dans laquelle le national et lâĂ©tranger, ce dont on hĂ©rite et lâaltĂ©ritĂ© qui lui fait face, sont soudĂ©s dans un accord divergent, et seul le poĂšte dont la traduction risque sa propre langue dans cette tension est Ă la hauteur de sa tĂąche. La traduction nâest donc pas une opĂ©ration littĂ©raire parmi dâautres elle est le lieu poĂ©tique privilĂ©giĂ© dans lequel sâinstancie ce libre usage du propre qui, pour le poĂšte comme pour tout peuple, est la tĂąche la plus comprend quâune telle tĂąche ne puisse ĂȘtre entreprise par un poĂšte en qui se conserveraient intacts les critĂšres communs du raisonnable. Comme Benjamin en avait eu lâintuition, dans cette opĂ©ration hardiment tendue entre deux polaritĂ©s opposĂ©es du langage, le sens plonge dâabĂźme en abĂźme, jusquâĂ risquer de se perdre dans lâabysse insondable de la langue » Benjamin, p. 21. Il nâest question ici ni de dĂ©mence ni de folie mais dâun dĂ©vouement si extrĂȘme Ă sa tĂąche quâon nâhĂ©site pas Ă sacrifier la perfection de la forme artistique Ă un idiome poĂ©tique en ruines, dĂ©moli et, Ă la limite, incomprĂ©hensible. AprĂšs ses traductions de Sophocle, Hölderlin sâacquitte de cette tĂąche paradoxale de deux maniĂšres successives dâabord, il choisit la forme poĂ©tique la plus Ă©levĂ©e de la tradition grecque, lâhymne, et, comme le montre Ă©loquemment le Hamburger Folioheft, la brise et la dĂ©sarticule mĂ©thodiquement au moyen dâune parataxe et dâune harte FĂŒgung poussĂ©es Ă leur paroxysme ; ensuite â ce sont les poĂšmes de la tour » â, il choisit Ă lâinverse la forme poĂ©tique la plus humble et la plus naĂŻve de la tradition nationale et sâen tient de maniĂšre monotone et rĂ©pĂ©titive Ă sa simple structure rimĂ©e. La philosophie naĂźt au moment oĂč quelques hommes se rendent compte quâils nâont plus le sentiment dâappartenir Ă un peuple, quâun peuple tel que celui auquel les poĂštes croyaient pouvoir sâadresser nâexiste pas ou sâest changĂ© en quelque chose dâĂ©tranger et dâhostile. La philosophie est avant tout cet exil dâun homme au milieu des hommes, cette façon pour le philosophe dâĂȘtre un Ă©tranger dans la ville oĂč il se trouve vivre et, envers et contre tout, continue Ă demeurer, haranguant opiniĂątrement un peuple absent. La figure de Socrate illustre ce paradoxe de la condition philosophique il est devenu Ă ce point Ă©tranger Ă son propre peuple que celui-ci le condamne Ă mort ; mais en acceptant cette condamnation, il adhĂšre encore Ă son peuple comme celui que ce peuple a irrĂ©vocablement banni de son partir dâun certain moment, au seuil de la modernitĂ©, les poĂštes prennent eux aussi conscience quâils ne peuvent plus sâadresser Ă un peuple, le poĂšte comprend lui aussi quâil parle Ă un peuple qui nâexiste plus ou, sâil existe, ne peut ni ne veut lâĂ©couter. Hölderlin incarne le moment oĂč ces contradictions explosent et oĂč le poĂšte doit se reconnaĂźtre philosophe ou â comme il lâĂ©crit lui-mĂȘme dans une lettre Ă Neuffer â trouver asile dans lâhĂŽpital de la philosophie. Il se rend compte que sa communautĂ© avec un peuple, quâil appelait le national », est prĂ©cisĂ©ment ce qui lui manque, autrement dit ce point faible dans lequel il ne pourra jamais exceller poĂ©tiquement. DâoĂč la rupture de la forme poĂ©tique, la fragmentation paratactique de lâhymne ou la rĂ©pĂ©tition stĂ©rĂ©otypĂ©e des derniĂšres poĂ©sies ; dâoĂč lâacceptation inconditionnelle du diagnostic de folie dont son peuple lâa gratifiĂ©. Et pourtant, jusquâau bout, il continue Ă Ă©crire, cherchant obstinĂ©ment dans la nuit un chant allemand ». Le thĂ©orĂšme sur le libre usage du propre nâest pas le rĂ©sultat dâune pensĂ©e obscure, mais, Ă y regarder de plus prĂšs, soulĂšve des problĂšmes concrets dont lâactualitĂ© est particuliĂšrement manifeste aujourdâhui. Il sâagit en fait de deux catĂ©gories utiles pour comprendre le dĂ©veloppement historique non seulement de chaque individu, mais aussi de chaque culture. Comme Carchia en a eu lâintuition, Hölderlin transforme le problĂšme poĂ©tique de la tragĂ©die en un problĂšme de philosophie de lâhistoire Carchia, p. 72. Il appelle national et Ă©tranger les deux tensions fondamentales de lâOccident, lâune qui le porte Ă se trouver dans ce qui lui est propre et lâautre qui le pousse Ă devenir Ă©tranger Ă lui-mĂȘme. Il va de soi que le propre et lâĂ©tranger, que Hölderlin illustre en opposant lâAllemagne Ă la GrĂšce, appartiennent en rĂ©alitĂ© Ă chaque individu et Ă chaque culture pour reprendre les termes de Hölderlin, Ă chaque nationalitĂ©. De toute Ă©vidence, lâhistoire de lâOccident et de son immense succĂšs dans la modernitĂ© tient au fait quâil nâhĂ©site pas Ă abandonner presque inconditionnellement son propre Ă©lĂ©ment natal ses traditions religieuses et spirituelles pour exceller dans une dimension lâĂ©conomico-technologique qui peut ĂȘtre dĂ©finie comme Ă©trangĂšre et dans laquelle, par ailleurs, selon le paradigme hölderlinien, il Ă©tait dâentrĂ©e de jeu destinĂ© Ă exceller. Dans une telle situation, il est naturel que se produisent par contrecoup des tentatives de rĂ©cupĂ©rer dâune façon ou dâune autre lâĂ©lĂ©ment natal, câest-Ă -dire de traduire » lâĂ©tranger dans les termes plus familiers de la tradition nationale ; mais il est inĂ©vitable que, comme le poĂšte selon Hölderlin, de telles tentatives achoppent sur des difficultĂ©s et des contradictions quâelles ne parviennent pas Ă surmonter. Le libre usage du propre est vraiment la chose la plus difficile. Hölderlin voulut faire lâĂ©preuve, dans sa vie comme dans sa poĂ©sie, du conflit de ces deux tensions fondamentales et de leur possible rĂ©conciliation, quel que soit le prix Ă payer pour cela. Dans cette pĂ©riode, la santĂ© mentale de Hölderlin nâĂ©tait pas de nature Ă compromettre sa luciditĂ©. En tĂ©moignent non seulement son intense productivitĂ© poĂ©tique et philosophique, mais encore son vif intĂ©rĂȘt pour les Ă©vĂ©nements de la vie politique de lâĂ©poque. Câest prĂ©cisĂ©ment Ă lâoccasion de cet engagement politique que, le 5 avril 1805, le problĂšme de sa folie explose pour la premiĂšre fois au-delĂ de la sphĂšre privĂ©e et donne lieu Ă un diagnostic mĂ©dical lâorigine de cet engagement se trouve son amitiĂ© avec Isaac von Sinclair, il convient de sâattarder sur ce personnage, mĂ©morable Ă bien des Ă©gards, qui exerça une influence dĂ©cisive sur la vie du poĂšte. Sinclair est nĂ© Ă Hombourg en 1775 il avait cinq ans de moins que Hölderlin, dans une famille qui le destinait Ă une carriĂšre politique au service du landgrave du petit Ătat de Hesse-Hombourg. Son pĂšre avait Ă©tĂ© le prĂ©cepteur du landgrave et le jeune Sinclair fut Ă©duquĂ© avec les princes hĂ©rĂ©ditaires. AprĂšs deux ans dâĂ©tudes de droit Ă lâuniversitĂ© de TĂŒbingen, il rencontre Hölderlin en mars 1795 Ă lâuniversitĂ© de IĂ©na. Sinclair y Ă©tait venu Ă©tudier la philosophie et, au semestre dâhiver 1794-95, y avait assistĂ© aux confĂ©rences de Fichte sur la doctrine de la science. Dans une lettre de mars 1795, il annonce Ă un ami quâil a fait la connaissance du magister Hölderlin, un ami de cĆur instar omnium » Il est jeune et il est affable ; sa culture me fait rougir de moi-mĂȘme et mâincite Ă lâĂ©mulation ; câest en compagnie de cet aimable et rayonnant modĂšle que je compte passer le prochain Ă©tĂ© dans une maison solitaire avec un jardin. De ma solitude et de cet ami, jâespĂšre beaucoup. Jâai pensĂ© Ă une place pour lui comme prĂ©cepteur des princes ; Ă lâavenir, je voudrais Ă tout prix lâavoir auprĂšs de moi » Hannelore Hegel, p. 30. De la communautĂ© de pensĂ©e qui se forme entre les deux amis pendant la pĂ©riode de IĂ©na tĂ©moignent les Philosophische Raisonnements, Satt gehen von Freuden des Tags zu ruhen die Menschen,Und Gewinn und Verlust wiiget ein sinniges HauptWohlzufrieden zu Haus ; leer steht von Trauben und Blumen,Und von Werken der Hand ruht der geschiiftige das Saitenspiel tont fern aus Giirten ; vielleicht, dassDort ein Liebendes spielt oder ein einsamer M annFerner Freunde gedenkt und der]ugendzeit ; und die BrunnenImmerquillend und frisch rauschen an duftendem in diimmriger Luft ertonen geliiutete Glocken,Und der Stunden gedenkt rufet ein Wiichter die auch kommet ein Wehn und regt die Gipfel des Hains auf,Sieh ! und das Schattenbild unserer Erde, der Mond,Kommet geheim nun auch ; die Schwiirmerische, die Nacht kommt,Voll mit Sternen und wohl wenig bekĂŒmmert um uns,GlĂ€nzt die Erstaunende dort, die Fremdlingin unter den Menschen,Ăber Gebirgeshohn traurig und priichtig herauf. La ville autour de nous repose ; la rue Ă©clairĂ©e fait silence,Et le fracas des voitures sâĂ©loigne avec leurs des plaisirs dujour vont se reposer les les fronts pensifs pĂšsent pertes et grains,Sur le chemin de la maison ; vide de pampres et de fleurs,Sans cohue ni mains du travail, le marchĂ© calmĂ© une musique lointaine monte desjardins, peut-ĂȘtreUn amant joue -t-il lĂ -bas ou un homme solitaireQui pense Ă ses amis au loin, Ă la jeunesse ; et les fontainesToujours vives, toujours fraĂźches, jasent sur dâodorants dans lâair crĂ©pusculaire chantent les cloches tirĂ©esEt, gardien des heures, un veilleur en crie le quâun petit vent se lĂšve, secoue le haut du bosquet,Regarde !Et la lune, cette terre fantĂŽme,Se lĂšve elle aussi secrĂšte ;et la mystique, la Nuit se lĂšve,CriblĂ©e dâĂ©toiles et peu prĂ©occupĂ©e de nous,LĂ -bas brille lâenchanteresse, lâĂ©trangĂšre parmi les hommes,Triste et splendide au-dessus des cimes des monts lĂ -haut. "La folie de Hölderlin" de Giorgio Agamben chronique dâune vie habitante Depuis presque un an, je vis chaque jour avec Hölderlin, ces derniers mois dans une situation dâisolement dans laquelle je nâaurais jamais pensĂ© me trouver. En prenant congĂ© de lui maintenant, sa folie me paraĂźt tout Ă fait innocente comparĂ©e Ă celle dans laquelle toute une sociĂ©tĂ© est tombĂ©e sans sâen rendre compte. » Je tire cette rĂ©flexion de la derniĂšre page du livre de Giorgio Agamben La follia di Hölderlin La folie de Hölderlin, rĂ©cemment publiĂ© chez Einaudi, une rĂ©flexion reprise par presque tous ses critiques en raison de son allusion explicite Ă la rĂ©alitĂ© dans laquelle se trouve le monde dâaujourdâhui. Cependant, mĂȘme si le concept est clair, je ne suis pas entiĂšrement dâaccord avec le terme "innocent". Quelle folie ne lâest pas ? Et il mâest Ă©galement difficile de parler de la folie comme de la condition dans laquelle lâignorance, lâaveuglement, lâincompĂ©tence nous ont entraĂźnĂ©s. Par une curieuse coĂŻncidence, jâai lu le livre dâAgamben immĂ©diatement aprĂšs celui du psychiatre allemand Uwe H. Peters, auteur de Robert Schumann et les treize jours avant lâasile Spirali, 2007. Bien que les deux auteurs procĂšdent en tournant autour dâune folie " historicisĂ©e " par une grande partie de la littĂ©rature romantique, les rĂ©sultats quâils visent sont diamĂ©tralement opposĂ©s. Alors que le psychiatre allemand, qui est aussi un profond connaisseur de musique, mĂšne une enquĂȘte clinique trĂšs serrĂ©e pour finalement Ă©mettre un diagnostic qui exclut la maladie mentale de son patient Robert Schumann, Agamben procĂšde dans dâautres directions, combinant les Ă©lĂ©ments purement historico-biographiques avec la dimension poĂ©tique, politique, religieuse et spirituelle sans vouloir rien prouver. Dâautant plus que des doutes et des rĂ©serves sur la folie du grand poĂšte allemand ont Ă©tĂ© Ă©mis dans de nombreux milieux depuis le XIXe siĂšcle. Lâanalyse du philosophe ne prĂ©tend pas clore la discussion sur la condition de Hölderlin, mais plutĂŽt la laisser ouverte Ă dâautres questions. Le livre sâouvre sur la distinction faite par Walter Benjamin dans Le Narrateur Lâhistorien est obligĂ© dâexpliquer, dâune maniĂšre ou dâune autre, les Ă©vĂ©nements dont il sâoccupe ; il ne peut se contenter de les prĂ©senter comme des exemples dans le cours du monde. Câest exactement ce que fait le chroniqueur, surtout chez ses reprĂ©sentants classiques, les chroniqueurs mĂ©diĂ©vaux, qui ont Ă©tĂ© les prĂ©curseurs des historiens modernes... ». Dans lâouvrage dâAgamben â qui est divisĂ© en une introduction, une partie centrale qui rassemble des documents en partie inĂ©dits en Italie et un Ă©pilogue â on peut saisir les deux positions du chroniqueur et de lâhistorien. On sait que Hölderlin a vĂ©cu les 36 premiĂšres annĂ©es de sa vie "dans le monde" et les 36 derniĂšres "en reclus", si lâon peut appeler ainsi son sĂ©jour pendant lequel, aprĂšs un bref passage dans la clinique psychiatrique du professeur Ferdinand Autenrieth Ă TĂŒbingen, il sâest retirĂ© dans la famille du charpentier Ernst Zimmer de 1807 Ă sa mort. Homme instruit il avait lu son roman Hyperion, Zimmer a toujours fait preuve de respect et de bienveillance envers le poĂšte. Peut-ĂȘtre mĂȘme de lâaffection. Et câest lui qui, Ă travers les lettres Ă©crites Ă la mĂšre de FrĂ©dĂ©ric pour lâinformer de la santĂ© de son fils, ou pour lui envoyer les comptes des dĂ©penses engagĂ©es, fournit le tĂ©moignage le plus minutieux de la vie quotidienne du pensionnĂ© dâexception. Quâil soit bien ou malade, quâil mange et ce quâil mange, quâil refuse de manger, quâil se rĂ©veille ou se repose la nuit, quâil se promĂšne dans le noir, quâil joue du piano et ce quâil joue... Zimmer a peut-ĂȘtre Ă©tĂ© plus attentif Ă la vie de Hölderlin que son rĂŽle ne lâexigeait. En effet, la surveillance constante dâun Ă©tranger que lâon a la tĂąche de soigner, de prendre en charge et dâĂ©lever gĂ©nĂšre, Ă la longue, une relation complexe, qui peut se rĂ©soudre soit par une tolĂ©rance sourde, soit par la comprĂ©hension dâindĂ©finissables enchevĂȘtrements sentimentaux de part et dâautre. Sans cela, Zimmer nâaurait pas pu exprimer, dans une lettre Ă un ami en 1835, une dĂ©sapprobation voilĂ©e de la mĂšre de Frederick "Le malheureux Hölderlin Ă©tait condamnĂ© dĂšs le ventre de sa mĂšre. Alors que sa mĂšre Ă©tait enceinte de lui, elle fit le vĆu que si elle avait eu un garçon, elle le destinerait au Seigneur...". Un vĆu que Johanna Christiana Heyn, la fille bigote dâun pasteur protestant, a accompli presque jusquâau bout, en forçant son fils Ă devenir thĂ©ologien. Un destin auquel Hölderlin a finalement rĂ©sistĂ©, lorsquâil a refusĂ© la proposition du chancelier Lebret de devenir curĂ© de Wolfenhaussen Ă condition dâĂ©pouser sa fille. Friedrich Hölderlin par Franz Karl Hiemer, 1792 Les relations entre Hölderlin et sa mĂšre Ă©taient, comme on peut lâimaginer, souvent trĂšs tendues, mĂȘme si le poĂšte, conformĂ©ment aux conventions de la condition sociale Ă laquelle il appartenait, a toujours Ă©vitĂ© dâexprimer ouvertement son dĂ©samour, sâil en avait un. Ă cet Ă©gard, Agamben a bien fait de publier les lettres du poĂšte Ă sa mĂšre Johanna Christiana, qui montrent clairement non seulement la distance entre les deux, mais aussi lâironie dont il Ă©tait capable en lui adressant dâimprobables mots dâaffection filiale. "Votre tendresse et votre excellente bontĂ©", Ă©crit Hölderlin dans une lettre de 1814, "Ă©veillent mon dĂ©vouement Ă la reconnaissance... Je pense au temps que jâai passĂ© avec vous, trĂšs rĂ©vĂ©rende mĂšre !". Avec beaucoup de gratitude. Votre exemple plein de vertu restera pour moi toujours inoubliable dans le lointain et mâencouragera Ă suivre vos prĂ©ceptes et Ă imiter un exemple si prĂ©cieux. Je professe ma sincĂšre dĂ©votion et me nomme son fils le plus dĂ©vouĂ©..." Un "fou" peut-il possĂ©der et dĂ©montrer une facultĂ© habituellement attribuĂ©e aux esprits les plus lucides ? Giorgio Agamben sâattarde Ă juste titre sur cette ironie et sa difficile corrĂ©lation avec la folie, sans en tirer de conclusions faciles. Il convient de rappeler quâĂ aucun moment, pendant les 36 annĂ©es que le poĂšte a passĂ©es Ă TĂŒbingen, Johanna Christiana, seule administratrice du patrimoine familial, nâa rendu visite Ă son fils chez le charpentier Zimmer. Dans cette maison, Hölderlin occupait une chambre au dernier Ă©tage, une piĂšce en forme de cercle, appelĂ©e pour cette raison "la tour", avec une vue enchanteresse sur le Neckar et sa vallĂ©e. Dans la tour, Ă la place de sa mĂšre, le poĂšte recevait, rĂ©agissant presque toujours avec grĂące et Ă©tonnement, plus dâun visiteur inconnu, pour la plupart des admirateurs, qui, aprĂšs avoir lu ses incomparables vers ou le roman HypĂ©rion, voulaient faire connaissance avec lâauteur. Lâun de ces visiteurs Ă©tait Wilhelm Waiblinger 1804-1830, Ă©tudiant au Stift, le sĂ©minaire thĂ©ologique de lâancienne universitĂ© de TĂŒbingen, que Hölderlin avait lui-mĂȘme frĂ©quentĂ© 25 ans plus tĂŽt, alors que ses contemporains Hegel et Schelling y Ă©tudiaient Ă©galement. En plus dâĂȘtre des camarades de classe, ils Ă©taient liĂ©s par une profonde amitiĂ© et une foi dans les mĂȘmes idĂ©aux. Tous trois critiquent, entre autres, lâarriĂ©ration des systĂšmes Ă©ducatifs de TĂŒbingen, et tous trois partagent un enthousiasme pour la RĂ©volution française. Wilhelm Waiblinger â que Hermann Hesse a choisi comme protagoniste de In Presselâs Kiosk 1913, lâun des textes littĂ©raires les plus subtils et les plus fascinants jamais Ă©crits sur Hölderlin â sâest prĂ©sentĂ© au PoĂšte pour la premiĂšre fois en juillet 1822. Il avait dix-huit ans et nâavait plus que sept ans Ă vivre. Il est mort Ă Rome Ă lâĂąge de 25 ans. Câest un jeune homme peu sĂ»r de lui, passionnĂ©, fiĂ©vreux, enthousiasmĂ© par les Ćuvres de cet Ă©trange habitant de la tour. En quĂȘte de lui-mĂȘme, dâune voie Ă suivre, dâune Ćuvre Ă composer, Waiblinger a entrevu en Hölderlin, tout fou quâil Ă©tait, une lumiĂšre capable de lâĂ©clairer, de lui montrer un chemin. Il est retournĂ© le voir plusieurs fois, lâa promenĂ©, lâa observĂ©, lâa interrogĂ©, lui a montrĂ© ses vers, lâa Ă©coutĂ© lire son HypĂ©rion Ă haute voix. Et il a tout consignĂ© scrupuleusement dans ses journaux intimes, qui allaient dĂ©boucher sur une biographie publiĂ©e Ă titre posthume en 1831. Câest sur la qualitĂ© et la valeur de lâexistence de Hölderlin quâAgamben sâinterroge finalement, et ce nâest pas un hasard si son livre est sous-titrĂ© Chronique dâune vie habitante. Mais quâest-ce quâune "vie habitante" ? Quâest-ce que cela signifie ? Est-il possible de concevoir une vie qui ne lâest pas ? Ă certains Ă©gards, ce concept semble rappeler le concept de "vie authentique" dĂ©veloppĂ© par Heidegger, dont on sait le culte quâil voue au grand poĂšte allemand, auquel le philosophe allemand a consacrĂ© lâun de ses essais les plus extraordinaires. Mais le vĂ©cu de Hölderlin Ă©voque plutĂŽt lâhabitus, lâhabitude, le choix dâun modus vivendi disjoint, discontinu, qui se libĂšre de toute possibilitĂ© de labeur, de compromis ou dâexception. Giorgio-Agamben Nous venons dâĂ©voquer son amitiĂ© avec Hegel qui, dans les mĂȘmes annĂ©es oĂč Hölderlin commence Ă dĂ©river vers une dimension insondable, Ă©labore sa logique triadique catĂ©gorique ĂȘtre, non-ĂȘtre, devenir sur laquelle dĂ©battra toute la recherche philosophique occidentale future. Et son ami poĂšte, avec lâexistence quâil a choisie, semble se placer en contradiction ouverte avec la formule infaillible du grand philosophe. LâĂ©tat dâĂȘtre et de non-ĂȘtre de Hölderlin ne peut se rĂ©soudre en un quelconque devenir, puisque la sphĂšre dans laquelle il est confinĂ© est un espace antitragique dans lequel il est, et en mĂȘme temps nâest pas, dans une indĂ©termination de la vie dĂ©pourvue dâoppositions, de conflits, oĂč le flux du temps lui-mĂȘme semble Ă©galement dĂ©pourvu de toute direction. Paradoxalement, câest surtout la deuxiĂšme partie du parcours de Hölderlin â celle de la non-existence, de la vie "habitante" dans laquelle apparemment rien ne se passe â qui enflamme lâimagination de ses lecteurs, et sur laquelle presque tous les biographes, artistes, Ă©crivains, dramaturges et philosophes concentreront leur attention, comme le dĂ©montre ce trĂšs intĂ©ressant et dernier livre dâAgamben. Riccardo Garbetta, Magazine Oubliette, 17/03/2021. Vue de TĂŒbingen, aquarelle et tempera,anonyme, milieu du XVIIIĂšme tour oĂč habitait Hölderlin est la premiĂšre Ă droite. Incipit comedia Il y a quelques annĂ©es, dans un ouvrage subtil et dĂ©licat, Polichinelle ou Divertissement pour les jeunes gens en quatre scĂšnes, Giorgio Agamben disait avoir ouvert le cycle des derniers labeurs ». Pour ĂȘtre ultimes, ceux-ci nâen sont pas moins inventifs et pĂ©nĂ©trants, que lâon songe au rĂ©cent Quand la maison brĂ»le, particuliĂšrement poĂ©tique. Ici et lĂ , Agamben revendique une continuitĂ© entre lâexistence et le travail philosophique, et câest sans doute pourquoi chaque livre est pour lui lâoccasion de risquer son Ă©criture sur de nouveaux chemins, tout comme lâexistence exigerait de chacun dâentre nous quâon en remodĂšle quotidiennement la forme, ceci afin quâelle nous enchante ou quâelle ne sâabĂźme pas trop. Avancer en Ăąge sâaccommode parfois dâune forme de sagesse. On sait le philosophe italien rĂ©tif Ă bien des pratiques sociales ou des dĂ©cisions politiques, cependant une tonalitĂ© sâaffirme avec le temps, un parti pris celui de la comĂ©die. Que celle-ci puisse se confondre avec lâexercice philosophique pourra sembler Ă certains exagĂ©rĂ©, câest cependant ce quâAgamben soutenait dĂ©jĂ dans Polichinelle. Il enfonce le clou avec La folie Hölderlin, un des enjeux de ce livre Ă©tant prĂ©cisĂ©ment de mettre en Ă©vidence ce qui dans la vie du poĂšte allemand participa de cette dĂ©rision divine » propre Ă ce comique de tous les jours. En effet, le comique dont parle Agamben semble sâapparenter Ă ce que Baudelaire nommait comique absolu », non pas un comique de gags oĂč lâhomme sâĂ©lĂšve au-dessus de lui-mĂȘme pour se moquer de ce qui lui arrive mais un comique affectant toute la nature, ou mĂȘme le destin, la destinĂ©e. LâhypothĂšse du philosophe qui se fait ici chroniqueur de la vie de lâauteur des Remarques sur Ćdipe ou Antigone, câest quâHölderlin, Ă lâinstar dâHamlet, a revĂȘtu un manteau de folie, et que, quand bien mĂȘme les troubles qui lâaffectent paraissent avĂ©rĂ©s, son retrait du monde participe dâune stratĂ©gie, dâune volontĂ©, dâune philosophie dont le moins que lâon puisse dire est quâelle a Ă©tĂ© incomprise de ses contemporains. Lâappel du large Un mot sur la forme de cet ouvrage singulier. Il sâouvre par un prologue et se clĂŽt par un Ă©pilogue, tous deux de factures philosophiques. Entre ces deux portes, se dĂ©ploient la chronique 37 annĂ©es 1806-1843 de la vie dâun homme Ă la rĂ©putation dĂ©jĂ installĂ©e mais frappĂ© dâun mal qui fait le dĂ©sespoir autour de lui. 37 annĂ©es oĂč, pourrait-on dire, rien nâarrive. En tant que chroniqueur Agamben rapporte des propos dâamis, cite des extraits de lettres dâHölderlin et de ses visiteurs, des tĂ©moignages mais aussi des poĂšmes, tout en dĂ©roulant, pour ce qui concerne les premiĂšres annĂ©es, parallĂšlement Ă la chronique hölderlinienne, une chronique du temps oĂč le journal de Goethe tient une bonne part. Câest un peu comme si lâon devait regarder deux Ă©crans en mĂȘme temps et inscrire lâhistoire individuelle dâun poĂšte renommĂ© dans lâhistoire tumultueuse dâune Europe en guerre oĂč lâAllemagne traverse une gestation compliquĂ©e elle nâexistera en tant quâempire ou Etat-nation quâen 1871. Rien nâest plus Ă©loignĂ© des intentions de lâauteur de ce livre que de vouloir expliquer le destin dâune vie par le dĂ©roulement de faits historiques, censĂ©ment ordonnĂ©s. La chronique juxtapose sans hiĂ©rarchie, elle donne Ă voir, pas Ă comprendre. Elle raconte sans expliquer. Que ce contexte fĂ»t favorable Ă Hölderlin pour interroger le sens des notions de propre » et de Ă©tranger », tout spĂ©cialement dans le cadre dâun vaste travail de traduction du grec vers lâallemand, semble assez Ă©vident ; mais il nâappartient pas au propos de cet ouvrage de questionner plus avant le sens du national » si prĂ©gnant dans la philosophie allemande de cette Ă©poque. Agamben prĂ©cise toutefois que dâun point de vue culturel et poĂ©tique, selon Hölderlin, une nation ou un pays ne sâaccomplit pas en cultivant ce qui lui est le plus propre - le libre usage du propre est la chose la plus difficile » - mais en dĂ©veloppant ce qui lui est le plus Ă©tranger. Ce point est capital, il pourrait expliquer en partie la mauvaise rĂ©ception des textes grecs traduit par Hölderlin, celui-ci Ă©tant Ă la recherche dâun quelque chose que ses contemporains nâaurait pas identifiĂ©. LĂ oĂč on lui reprocha une obscuritĂ© certaine, il est Ă croire quâil cherchait Ă rendre manifeste un Ă©lĂ©ment passionnel, dit aussi oriental, propre Ă la pensĂ©e grecque mais refoulĂ© au profit dâune clartĂ© de lâ quâil en soit de cette bipolaritĂ© national-Ă©tranger ou occidental-oriental, force est de constater que câest lâacharnement au travail et lâenthousiasme qui lâaccompagnait qui alertĂšrent lâentourage de Hölderlin quant Ă son Ă©quilibre mental. Comme si Ă travailler Ă rendre passionnelle la langue allemande, le poĂšte sâĂ©tait engagĂ© dans un processus dâaltĂ©ration de tout son ĂȘtre dont il nâavait pas le contrĂŽle. Agamben Ă©crit dans le prologue La traduction nâest donc pas une opĂ©ration littĂ©raire parmi dâautres elle est le lieu poĂ©tique privilĂ©giĂ© oĂč sâinstancie ce libre usage du propre qui, pour le poĂšte comme pour tout peuple, est la tĂąche la plus difficile . » Devenir Ă©tranger Ă soi-mĂȘme pour une langue, un peuple ou un individu, câest Ă la fois sâaccomplir et se perfectionner, mais câest aussi encourir le risque de ne pas pas pouvoir revenir, comme on le dirait dâun nageur parti sâaventurer au large. Chronique du rien AprĂšs un passage de plusieurs mois dans une clinique de TĂŒbingen, Hölderlin sera hĂ©bergĂ© par un menuisier et sa femme, les Zimmer. Ernst Zimmer avait Ă©tĂ© un lecteur admiratif dâHypĂ©rion et dĂ©cida de venir en aide au poĂšte. Ce dernier habitera dans sa maison une tour donnant sur le Neckar, affluent du Rhin. Il y passera 36 annĂ©es, de 1807 Ă 1843. On dispose de peu dâinformations quant Ă la vie quâil y mena. Il cultivait ses distances Ă lâĂ©gard de ses visiteurs et de sa famille, comme lâatteste les lettres Ă sa mĂšre, excessivement convenues. Agamben y voit une marque dâironie, de mĂȘme que dans les titres » dont Hölderlin affuble ses visiteurs votre GrĂące, Excellence, sa MajestĂ©... Zimmer le dit, câest la façon dont son hĂŽte signifie Ă ceux qui viennent le voir quâil souhaite quâon le laisse tranquille. La vue depuis la chambre Ă©tait magnifique et lâon peut supposer quâHölderlin en profita pleinement. Il jouait du piano, capable de lire des partitions il prĂ©fĂ©rait jouer selon sa fantaisie, toujours dâaprĂšs Zimmer. Et en dehors de quelques jours ou nuits dâexception oĂč il fut agitĂ©, il Ă©tait plutĂŽt calme, mĂȘme si tous ses visiteurs persistent dans leur diagnostic de folie il faut dire quâil marmonnait et que son obsĂ©quiositĂ© en dĂ©sarmait plus dâun. Calme, mais sujet Ă dâimportantes variations dâhumeur, et trĂšs sensible aux variations mĂ©tĂ©orologiques. Par ailleurs, cette chronique nâa pas pour finalitĂ© de nous permettre de nous faire un avis sur la question, et mĂȘme si, contredisant lĂ©gĂšrement la prĂ©tention Ă lâobjectivitĂ© du chroniqueur, Agamben ne cesse de minimiser les comportements ou propos du poĂšte attestant son originalitĂ©, ce qui ressort de ce montage littĂ©raire, câest une impression dâĂ©coulement paisible, dâhabitation harmonieuse ou cherchant Ă lâĂȘtre, ainsi quâen tĂ©moignent les poĂšmes de la tour » que le philosophe rattache au genre de lâidylle, poĂšmes mi-descriptifs mi-lyriques abordant la nature et les saisons, ce rien » de tous les jours qui Ă la fois reste le mĂȘme et varie sans arrĂȘt. Hölderlin marche, dans sa chambre ou Ă lâextĂ©rieur de la maison, il lit, dĂ©clame, Ă©crit et ce pour ainsi dire sur commande. On lui rend visite, des amis, des admirateurs, lesquels perturbent la tranquillitĂ© du poĂšte et essuient parfois des refus. La grande distance quâHölderlin entretient avec ses visiteurs et que souligne son extrĂȘme obsĂ©quiositĂ© traduit la sensibilitĂ© qui est la sienne, une sorte de vulnĂ©rabilitĂ© face Ă tout ce qui vient rompre une habitude. Il se liera toutefois avec un jeune auteur du nom de Waiblinger, au point de lui rendre visite, fait exceptionnel qui montre Ă quel point la solitude du poĂšte est profonde, mĂȘme si elle ne semble pas le faire souffrir. Il parle souvent pour lui-mĂȘme et semble habitĂ© ». Pas seulement habitant », comme le dit le sous-titre du livre â chronique dâune vie habitante â mais habitĂ© donc, comme si lâhabitation Ă©tait un processus double impliquant un investissement extĂ©rieur mais aussi intĂ©rieur, une habitation de soi par soi, une auto-affection oĂč le propre et lâĂ©tranger sont en dialogue terme de cette chronique, suit un Ă©pilogue dans lequel Agamben revient longuement sur cette question de lâhabitation. Lâexpression de vie habitante » provient dâun de ces poĂšmes tardifs dits idylliques. Elle dĂ©signerait une maniĂšre dâhabiter, de vivre, Ă la fois ouverte sur ce qui est neuf et sur ce qui nourrit les habitudes et les consolide. Les habitudes ont de toute Ă©vidence une fonction protectrice eu Ă©gard Ă la nouveautĂ© continuelle du monde qui advient, mais dans le cas qui nous occupe il semblerait que lâhabitude sâaccommode de lâintensitĂ© de ce qui vient au monde et que lâ habitant » se laisse traverser par tout ce qui arrive, quitte Ă penser, et câest le cas dâHölderlin, que rien nâarrive, paradoxe quâil faut tenter dâexpliquer. Le continuum hölderlinien Selon Agamben, la vie habitante est une existence faisant la part belle Ă lâimpersonnel, cette force qui nous conduit et nous oriente sans que lâon acquiesce vraiment, la rĂ©flexion, la volontĂ© ne semblant pas ĂȘtre nĂ©cessaires pour vivre. Eu Ă©gard Ă la crĂ©ation, toujours selon le philosophe italien, lâimpersonnel est ce qui nous dĂ©passe, cette part non-individuĂ©e qui nous inspire. Dans Profanations et plus prĂ©cisĂ©ment dans le texte qui ouvre cet opus, Genius, on peut lire ces phrases vertigineuses LâintimitĂ© avec une zone de non-connaissance est une pratique mystique quotidienne, lors de laquelle Moi, dans une sorte dâĂ©sotĂ©risme spĂ©cial et joyeux, assiste, le sourire aux lĂšvres, Ă sa propre dĂ©bĂącle, et quâil sâagisse de la digestion de la nourriture ou de lâillumination de lâesprit, tĂ©moigne incrĂ©dule de son propre Ă©vanouissement. » Face Ă lâimpersonnel comme Ă notre gĂ©nie, nous ne sommes plus grand-chose, une maniĂšre dâĂȘtre, plus ou moins heureuse, accommodant ou raccommodant le tissu de chaque jour ; et si Hölderlin Ă©crit pour ainsi dire jusquâĂ son dernier jour et avec une facilitĂ© plutĂŽt dĂ©concertante, câest quâen lui la porte donnant sur lâimpersonnel reste constamment ouverte, ce qui Ă la fois le fragilise et lui confĂšre une puissance certaine. Lors dâun incendie sâĂ©tant dĂ©clarĂ© dans une maison voisine de la sienne, la famille Zimmer fut prise de panique. La scĂšne se dĂ©roulait la nuit mais dâaprĂšs le tĂ©moignage de Zimmer Hölderlin est restĂ© tranquille au fond de son lit ». Le gĂ©nie dĂ©nommĂ© Ă©galement ange-gardien nous protĂšge, selon la croyance populaire. Il dĂ©fait les peurs du Moi pour lui montrer le monde sous un autre angle, un autre point de vue. DâoĂč quâon puisse dĂ©clarer fou lâĂȘtre qui nâa pas peur, qui peut se passer dâautrui presque totalement, lâĂȘtre quâune promenade quotidienne aux abords de son domicile contente, celui qui ne se plaint pas mais voit toutefois dans ses semblables des crĂ©atures dont la proximitĂ© est plutĂŽt inquiĂ©tante. Câest que lâhabitude quâont contractĂ© la plupart des ĂȘtre humains et qui consiste Ă partager son intimitĂ© avec quelquâun dâautre les a conduit Ă oublier ce que cette facultĂ© exige de confiance, dâaveuglement peut-ĂȘtre. Pour Hölderlin, il semblerait quâil y ait dâun cĂŽtĂ© la solitude, câest-Ă -dire le dialogue du Moi avec son gĂ©nie impersonnel, et dâun autre la relation aux autres. Et quand bien mĂȘme Agamben Ă©crit que la vie habitante rend inopĂ©rante lâopposition entre public et privĂ©, au sens oĂč la chambre du poĂšte ne se distingue guĂšre dâune ambassade oĂč lâĂ©tiquette joue un rĂŽle de premiĂšre importance, il semble quâHölderlin ne soit jamais aussi libre que lorsquâil est seul, ouvert Ă lâinfini du monde comme aux sources de la poĂ©sie. DĂ©pendant matĂ©riellement dâautrui, Hölderlin se montre infiniment reconnaissant auprĂšs de ceux qui lâaident mais plus que les humains câest avec la nature quâil converse et il nâest peut-ĂȘtre pas excessif de dire que si pour lui un dialogue est possible avec les humains, câest dans la mesure oĂč ils se font lâexpression du cosmos, dans la mesure oĂč la vie se trouve dans lâharmonie des saisons », pour citer lâun de ses poĂšmes de la de visiteurs dâHölderlin ont soulignĂ© le manque de cohĂ©rence de ses propos et les nombreuses ruptures logiques qui caractĂ©risent sa derniĂšre maniĂšre dâĂ©crire. Comme si la pensĂ©e se laissait porter par des vents instables, comme si lâexistence ne cherchait plus Ă sâopposer Ă lâordre des choses ou Ă bĂątir un ordre artificiel mais Ă©pousait celui du monde, pour ainsi dire instinctivement. Singulier Ă cet Ă©gard est le refus du poĂšte allemand de signer ses poĂšmes du nom dâHölderlin, lui prĂ©fĂ©rant celui de Scardanelli ou Buarroti, de Rosa ou encore de Rosetti. Au quotidien, auprĂšs de ses visiteurs, Hölderlin se fait appeler bibliothĂ©caire » et non professeur. Il nâavait pas renoncĂ© Ă la protection quâaccorde le statut social. Mais eu Ă©gard Ă lâĂ©criture, câest Ă dâautres masques quâil a recours. Sa signature varie, peut-ĂȘtre selon le gĂ©nie qui lâinspire, cette personnalisation changeante de lâ a pu dire de lâindividu et de ses libertĂ©s quâils Ă©taient une crĂ©ation du XVIIIĂšme siĂšcle. Avec Hölderlin, on pourrait avancer le contraire, dire quâavec lui câest lâheure de la dĂ©composition de lâindividu qui a sonnĂ©. Agamben Ă©crit, au terme de son ouvrage Ni privĂ©e ni publique, sa vie habitante constitue peut-ĂȘtre en cela lâhĂ©ritage proprement politique que le poĂšte lĂšgue Ă lâhistoire de la pensĂ©e. » Si on tombe dâaccord pour dire que le temps des grands hommes » est rĂ©volu et que lâindividualisme a fait suffisamment de mal pour quâon cesse de le brandir Ă lâinstar dâune valeur, la question reste cependant entiĂšre quant Ă savoir Ă quoi pourrait ressembler une intelligence collective prenant la nature pour guide. Hölderlin nâavait certes pas lâintuition des catastrophes Ă©cologiques Ă venir, mais il avait nĂ©anmoins abdiquĂ© sa raison, la confiant Ă dâautres puissances que celles du calcul et de lâintĂ©rĂȘt, de lâasservissement ou de lâorgueil. Beaucoup lâen plaignirent, certains, plus rares, saluĂšrent son tact. Pascal Gibourg, 22 avril 2022. La folie dâAgamben Le dernier livre, non encore traduit [mai 2021], du philosophe Giorgio Agamben La folie dâHölderlin se termine par ces mots "Depuis presque un an, je vis chaque jour avec Hölderlin, dans un Ă©tat de solitude dans lequel je nâaurais jamais pu imaginer me trouver. Quand je lui dis au revoir maintenant, sa folie me semble tout Ă fait innocente par rapport Ă ce dans quoi toute une sociĂ©tĂ© sâest engouffrĂ©e sans sâen rendre compte". La folie collective Ă laquelle se rĂ©fĂšre le philosophe italien est celle qui est apparue parmi nous tous Ă cause de lâĂ©pidĂ©mie dans laquelle nous vivons. DĂšs le dĂ©but, Agamben a parlĂ© avec force â et Ă la consternation de beaucoup â des mesures prises par les diffĂ©rents services pour tenter de contenir la propagation du virus en Italie. Il capture cela dans la version Ă©tendue de A che punto siamo ? [OĂč en sommes-nous ?] Soudain, des mesures qui nâavaient Ă©tĂ© adoptĂ©es que pendant les deux guerres europĂ©ennes â et encore pas avec autant de cruautĂ© â ont Ă©tĂ© mises en place, et Agamben nâa pas hĂ©sitĂ© Ă les qualifier de "cas exceptionnel" dâabord lâenfermement, puis la distanciation sociale et, enfin, lâisolement qui menaçait de devenir une habitude. Avec Pasolini, Weil et Benjamin Giorgio Agamben Rome, 1942, aprĂšs avoir soutenu une thĂšse sur la pensĂ©e politique de Simone Weil, frĂ©quente dans les annĂ©es 60 des personnalitĂ©s comme Elsa Morante, la poĂ©tesse autrichienne Ingeborg Bachmann et Pier Paolo Pasolini. Dans le film LâĂ©vangile selon saint Matthieu 1964, il joue le rĂŽle de Philippe, lâun des dix apĂŽtres. Câest aussi Ă cette Ă©poque quâil assiste aux sĂ©minaires de Heidegger en Provence Le Thor, parrainĂ©s par le poĂšte RenĂ© Char, tĂ©moignages, entre autres, quâil recueille dans son dĂ©licieux livre Autoportrait dans lâatelier Adriana Hidalgo, 2019, oĂč il parle aussi avec tendresse de ses rencontres avec JosĂ© Paris, Ă partir des annĂ©es 1970, il se lie dâamitiĂ© avec Pierre Klossowski et Italo Calvino, et dans ces annĂ©es-lĂ , il Ă©tudie Ă lâUniversitĂ© de Haute-Bretagne, tout en faisant des Ă©tudes mĂ©diĂ©vales sa principale contribution sera Vestiges, PrĂ©-Textes et linguistiques. Lâun des personnages principaux, Ămile Benveniste, est prĂ©sent dans presque tous ses livres. En 1981, Agamben a dĂ©couvert dans les Archives Patay de la BibliothĂšque nationale un ensemble de documents Ă©crits de la main de Walter Benjamin, des manuscrits que le philosophe allemand a confiĂ©s Ă Georges Bataille avant de quitter Paris en 1940. Ces matĂ©riaux Ă©taient fondamentaux pour une Ă©dition dâArcade, une Ćuvre inachevĂ©e du philosophe juif qui a terminĂ© sa vie Ă Portbou. Agamben a enseignĂ© dans de nombreuses universitĂ©s italiennes et Ă©trangĂšres, notamment Ă Venise, et a traduit son Ćuvre dans de nombreuses langues. Ă cela sâajoute la propagation de la peur, gĂ©rĂ©e par les politiciens, promue par les mĂ©dias apocalyptiques, et lâimposition croissante dâun modĂšle sain et durable sur le concept de vie biologique, qui a fait disparaĂźtre ce qui restait de lâidĂ©e de vie Ă©motionnelle et spirituelle. La substitution effrontĂ©e du concept de salut, objet de la foi religieuse, qui supposait la nature mortelle de lâhomme, par la santĂ© proclamĂ©e par la mĂ©decine, obsĂ©dĂ©e par la durĂ©e illusoire des fonctions corporelles, est ce qui caractĂ©rise la nouvelle foi. La science. LâinquiĂ©tant manque de libertĂ© dans lequel nous nous trouvons, dit Giorgio Agamben, a Ă©tĂ© assumĂ© docilement par la plupart dâentre nous parce que le monde qui nous quitte maintenant est, en fait, dĂ©jĂ terminĂ© et que nos vies avant la pandĂ©mie Ă©taient dĂ©jĂ intolĂ©rables Ă lâĂ©poque. Pour comprendre les affirmations dâAgamben dans leur contexte propre et le sens qui leur correspond, il est nĂ©cessaire de se tourner vers le travail Ă©tendu de ce lecteur et traducteur passionnĂ© de notre culture, dont le fruit le plus mĂ»r est les neuf volumes de Homo Sacer, un projet de vingt ans entre 1995 et 2015 Ă©dition complĂšte en italien Quodlibet, 2018 ; il existe une traduction espagnole des textes introductifs, Ă lâexception du volume 2 Ă Adriana Hidalgo. Dans lâarchĂ©ologie philosophique singuliĂšre quâil pratique, Agamben remet en question toute la tradition politique de lâOccident. Sâappuyant sur une connaissance approfondie des disciplines qui ont dĂ©fini lâhumanisme occidental philosophie, thĂ©ologie, droit, anthropologie, politique ou linguistique, Agamben entoure progressivement le concept central de vie nue ou vie sacrĂ©e des vies dĂ©pouillĂ©es de toute vertu humaine, de simples corps que lâĂtat de terreur Auschwitz peut manipuler lĂ©galement ou mĂ©dicalement pour les soumettre et les contrĂŽler Ă volontĂ©. Une connaissance approfondie de la thĂ©ologie occidentale, de Saint Augustin Ă Jacob Tobis, est le fondement dâune archĂ©ologie qui dĂ©poussiĂšre les racines religieuses dâun monde apparemment sĂ©culaire et lui permet de condamner la naissance des nouvelles religions de notre temps et de la science. Lâargent, avec ses perspectives sombres et sa mentalitĂ© dâentrepreneur. Dans certains de ses livres rĂ©cents Autoportrait dans lâatelier, 2017 et Lâatelier, 2019, Agamben tourne son regard sur lui-mĂȘme, tend lâoreille pour enregistrer le palpitant de la vie qui avance inexorablement dans sa continuitĂ©. En quĂȘte dâun tĂ©moignage authentique qui lui permettrait de se faire une idĂ©e de ce qui constitue "lâhomme poĂ©tique vivant sur terre" de Hölderlin, le philosophe compose de maniĂšre impressionnante un rĂ©cit des 36 annĂ©es de folie du poĂšte, soit la moitiĂ© de sa vie. Sa folie Ă©tait de vivre la souffrance maximale comme un diktat, dans lequel il nây a pas de moi qui dĂ©cide pour lui-mĂȘme, mais plutĂŽt lâassomption de la vie comme une habitude impersonnelle, dans laquelle il nây a pas de distinction entre le privĂ© et le public. Tel est lâhĂ©ritage politique du poĂšte. La leçon la plus dure de notre temps est que nous nâavons pas Ă©tĂ© créés pour rĂ©ussir, et que notre chance est lâĂ©chec, surtout dans lâart de vivre ; et ici nous devons nous rappeler ce vers de Hölderlin "LĂ oĂč il y a le danger, il y a aussi ce qui sauve". Celui qui considĂšre la folie poĂ©tique comme la vie suprĂȘme est capable de dĂ©lĂ©gitimer toute forme de rĂ©ussite. Il est nĂ©cessaire de citer Ă nouveau La folie Hölderlin "Si jâessaie dâillustrer la leçon politique que je crois pouvoir tirer de la vie du poĂšte qui vit dans une tour sur le Neckar â poursuit Agamben â il ne restera peut-ĂȘtre que des ragots et des bavardages. Il nây a pas de lecteurs. Il nây a que des mots sans titre". Mais le mot, comme le disait un vieux professeur dâallemand, a un grand pouvoir, et donc la folie dâAgamben dans son confinement avec Hölderlin consiste Ă tĂ©moigner de cette folie une parole qui ne guĂ©rit pas, mais qui sauve. Gaetana Cafaro, 30 mai 2021. Hölderlin sur Pieface, notamment Il est trĂšs attentif aux temps, Hölderlin et Richesse de la nature. Agamben sur Pileface, notamment Quand la maison brĂ»le et Le nouvel ordre planĂ©taire.
résumé épisode 958 en avance) nuancedegreg Mis à jour le 23 août 2022 Catégories Demain Nous Appartient , Ici Tout Commence , Plus belle la vie , Un si grand soleil No Responses
07 Mar 2020 18h47 Nathalie Kosciusko-Morizet Son agresseur dĂ©finitivement condamnĂ© C'est depuis New York, oĂč elle a posĂ© ses valises, que Nathalie Kosciusko-Morizet a appris le verdict... 01 Juil 2019 16h14 Nathalie Kosciusko-Morizet Ă New York "J'ai vu mes fils se transformer" C'est ce qui s'appelle un changement radical. Sa carriĂšre politique derriĂšre elle, Nathalie... 25 AoĂ»t 2018 21h40 Nathalie Kosciusko-Morizet et ses fils Enfin rĂ©unis Ă New York ! L'ancienne ministre s'est engagĂ©e dans une nouvelle aventure en fĂ©vrier Ă New York. Cette... 07 FĂ©v 2018 17h57 Nathalie Kosciusko-Morizet Fini la politique, elle s'installe Ă New York ! Battue aux municipales Ă Paris puis battue aux lĂ©gislatives, l'ancienne Ă©toile montante de la... 12 Jan 2018 17h52 Nathalie Kosciusko-Morizet quitte la politique et a retrouvĂ© du travail... L'ancienne Ă©toile montante de la droite va finalement devoir renoncer Ă ses ambitions. 07 Sep 2017 15h35 Nathalie Kosciusko-Morizet Son agresseur condamnĂ©, sa peine allĂ©gĂ©e ! On est loin des 5 000 euros rĂ©clamĂ©s par l'ancienne dĂ©putĂ©e... 11 Juil 2017 17h10 Nathalie Kosciusko-Morizet Au procĂšs de son agresseur, elle rĂ©clame 5000 euros La candidate malheureuse aux Ă©lections lĂ©gislatives voulait confronter l'homme qui s'en Ă©tait... 26 Juin 2017 14h03 Paul Belmondo affronte le Triathlon de Deauville, NKM s'absente... Le comĂ©dien a pris part Ă cette course sous le soleil. 22 Juin 2017 17h32 Nathalie Kosciusko-Morizet Son agresseur prĂ©sumĂ© dit avoir "pris des coups" Vincent Debraize nie toujours s'en ĂȘtre pris physiquement Ă l'ancienne ministre. 20 Juin 2017 12h09 Nathalie Kosciusko-Morizet Son agresseur prĂ©sumĂ© l'accuse de "simulation" ! La candidate battue en a-t-elle fait trop ? 17 Juin 2017 14h40 Nathalie Kosciusko-Morizet agressĂ©e Un suspect arrĂȘtĂ© et placĂ© en garde Ă vue L'homme s'est rendu Ă la police. 16 Juin 2017 14h53 Nathalie Kosciusko-Morizet agressĂ©e et sortie d'hĂŽpital "Je vais mieux" La candidate aux lĂ©gislatives donne de ses nouvelles. 16 Juin 2017 11h39 Nathalie Kosciusko-Morizet agressĂ©e Elle souffre d'un traumatisme crĂąnien L'ancienne ministre a passĂ© la nuit Ă l'hĂŽpital Cochin, oĂč elle a subi une batterie... 15 Juin 2017 20h13 Nathalie Kosciusko-Morizet Son agression "physique" et "violente" racontĂ©e Un photographe a assistĂ© au malaise de la candidate alors qu'elle Ă©tait en tractage au coeur de Paris. 15 Juin 2017 11h20 Nathalie Kosciusko-Morizet fait un malaise aprĂšs une altercation dans Paris L'ancienne ministre et actuelle candidate connaĂźt une campagne de second tour trĂšs difficile dans sa... 06 Jan 2017 10h30 Nathalie Kosciusko-Morizet Son fils de 11 ans hospitalisĂ© aprĂšs un accident Un douloureux Ă©pisode pour le petit Paul-Ălie. 24 Nov 2016 11h29 LĂ©a SalamĂ© enceinte Nathalie Kosciusko-Morizet le rĂ©vĂšle en direct La candidate malheureuse Ă la primaire de la droite et du centre a publiquement parlĂ© d'un secret de... 21 Nov 2016 19h12 JoeyStarr et la rumeur Nathalie Kosciusko-Morizet Sa rĂ©ponse ! Quand le membre de NTM rĂ©agit Ă une rumeur sur NKM et lui... 30 Sep 2016 15h05 Nathalie Kosciusko-Morizet Pause Boeuf fashion pendant la campagne ! Une campagne Ă©lectorale mĂšne souvent Ă participer Ă des Ă©vĂ©nements... 31 Juil 2016 13h39 Nathalie Kosciusko-Morizet MoquĂ©e sur sa pose lascive, elle en rit Une pause quelque peu lascive de Nathalie Kosciusko-Morizet prise en 2008 et reprise cette semaine dans Paris Match,... 11 Mar 2016 12h03 Nathalie Kosciusko-Morizet DivorcĂ©e aprĂšs 12 ans de mariage ! En politique comme dans la vie, c'est seule qu'elle affronte ses prochains dĂ©fis...
Attention les paragraphes qui suivent contiennent des spoilers sur l'épisode de Demain nous appartient diffusé mercredi soir sur TF1 ! Si
Oiseaux Article mis en ligne le 1er octobre 2019 derniĂšre modification le 8 octobre 2019 par Alain BOUDET Une parole Ćil fixe et bec incisif Jaune citron ou gris trottoir Rouge au col silencieux ils sont de retour Depuis des lieux IndĂ©chiffrables Ils nous balancent leur chant sidĂ©rant Et soudain propulsĂ©s VĂ©ritables Ă©lastiques Les voilĂ ailleurs En appui entre prĂšs Et loin Nous laissant Sur la touche Claire Kalfon PoĂšme des intervalles © Ă©ditions inicitĂ©, 2019 Le chat parti la pluie dâautomne sâacharne sur lâoiseau mort CrĂ©puscule dâhiver - le chant des choucas dans les nuages roses HĂ©ron debout dans lâherbe ce qui sâappelle longtemps © Christophe Jubien Pluie de printemps - le canard endormi tout contre sa cane Pire quâun clochard un homme qui regarde un oiseau ! Pondant ce haĂŻku tandis quâau loin une poule caquĂšte © Christophe Jubien Portrait Mon jardin a des pattes dâoiseau Et des ailes de tourterelle Il a un corps de mĂ©sange Une tĂȘte dâĂ©cureuil Un bec de pic Ă©peiche Il a une cervelle de moineau Une lenteur dâaraignĂ©e Une respiration dâabeille Il a les rĂȘves de lâancolie La folie des capucines Et le sens des rĂ©alitĂ©s De la rhubarbe © BĂ©atrice Libert inĂ©dit Un merle confie sa voix Aux livres des lumiĂšres Serait-ce en nous quâil chante ? Serait-ce en nous quâil trace La lisiĂšre du bonheur ? BĂ©atrice Libert Ce qui vieillit sur la patience des fruits verts © Le Taillis PrĂ© JâĂ©coute le mĂȘme oiseau siffler le mĂȘme air Sur le mĂȘme arbre du mĂȘme jardin. Quâest-ce qui, en moi, a changĂ© ? BĂ©atrice Libert Le bonheur inconsolĂ© © LâArbre Ă paroles Oiseau migrateur survolant le village Le village aussi Est de passage Thierry Cazals Le rire des lucioles © Ă©ditions Opales Les moineaux sâapprochĂšrent si prĂšs Si prĂšs Que je devins lâun dâeux Thierry Cazals Le rire des lucioles © Ă©ditions Opales LumiĂšre de lâhiver Cri du corbeau Un petit air de ressemblance Thierry Cazals Le rire des lucioles © Ă©ditions Opales Plume de geai Si je te trouve en chemin Je nâaurai pas perdu ma vie Thierry Cazals Le petit cul tout blanc du liĂšvre © Ă©ditions Motus Pieds nus dans le liseron vert Le hĂ©ron et moi Disputons un match dâimmobilitĂ© Thierry Cazals Le petit cul tout blanc du liĂšvre © Ă©ditions Motus Et cette nuit ? Ce silence est-il truquĂ© ? Pas une seule grappe de notes rossignoles Se taisent mĂȘme les chevĂȘches Et ce noir ? Ce noir est-il truquĂ© ? VĂ©ga, VĂ©nus, Aldebaran sous lâĂ©touffoir des nuages La nuit a mal Ă ses oiseaux La nuit a mal aux Ă©toiles Alors je lui donne des poĂšmes Ă manger Elle vient happer les mots qui sâĂ©crivent sous les paupiĂšres Je peux aimer longtemps ainsi attendre que le ciel sâaverse Colette Daviles-EstinĂšs Extrait de Lâor saisons © Editions Tipaza 2018 Profond de la forĂȘt Clair un chant dâoiseau dit le monde © Alain Clastres Dans le nid un oisillon appelle Tout lâunivers derriĂšre lui ! © Alain Clastres Les hirondelles Les hirondelles sâen vont Leur vol vers la mer lâair du large dans leurs ailes Les hirondelles sâen vont Vers des rĂȘves arc-en-ciel qui frissonnent dans lâespace les hirondelles sâen vont Elles volent magnifiques oĂč flottent leurs ailes Ivres de lâair ivres dâespace © ValĂ©rie Huet 2019 InĂ©dit Comme aile Connais-tu lâoiseau feuille et lâoiseau racine Et tout en eux qui voyage, mais au sol jamais liĂ© Et lâoiseau soleil, plume dâor sur un lointain ciel Qui rĂšgne sur un peuple aux pattes enserrĂ©es Parmi les Ă©boulis, graines qui bougent, mouvement dâailes dĂ©ployĂ©es Ombre et lumiĂšre dâune trajectoire jamais tracĂ©e Et cri, et chant Connais-tu ce que lâoiseau peut te dire de toi ? © Christian MonthĂ©ard MĂ©sange vole un ciel Ă tout le monde en plumes le pouvoir du message en chĂątaignier le nichoir et lâune en lâautre en fragile Ă©quilibre au dessus de nos espoirs ces grammes indociles ces envolĂ©es de peur au battage de nos Ă©tĂ©s et la couleur tĂȘtue qui rit de notre adhĂ©rence acceptĂ©e bat lâaile vit, la donne, ravit © Christian MonthĂ©ard Ăcouter un oiseau Sans soif, sans espoir Sais-tu pour qui il chante ? Ăcouter un oiseau Comme ça pour rien Jâavale les notes Je les dĂ©guste Elles fondent dans mon sang Ăcouter un oiseau Chante-t-il pour elle ? La mĂ©lodie court Au-dedans de moi Ătouffant peines et tracas. Entendre cet oiseau Ă la jolie voix Tout prĂšs, tout prĂšs de moi Son appel monte et descend Et ravive ma joie Savourer le chant dâun oiseau Pour disperser ses chagrins Câest si simple Ce soir, je sais bien Pour qui il chante. Pour moi. © CĂ©cile Gagnon inĂ©dit Hiver noirs capuchons et corbeaux dans le silence © Anne-Lise Blanchard *** La perdrix dâun trait dĂ©chire le couvert des blanches toisons que griffent les bras nus des vignes sous le gris soleil dâavril Anne-Lise Blanchard, Eclats », © Ăclats dâencre, 2010 Du haut de sa jeunesse il toise sa mĂšre le jeune cygne © Anne-Lise Blanchard Clin dâĆil du ciel derriĂšre lâĂ©lan des fĂ»ts le coucou mĂ©caniquement avoue sa prĂ©sence Anne-Lise Blanchard, Eclats », © Ăclats dâencre, 2010 Oiseau sur la branche Comme une boule de soie Qui se balance gracile, Duveteuse, fragile Objet dâĂ©moi. Et tu pĂ©pies, Oiseau de joie, Comme une flĂ»te en bois, Une flĂ»te Ă bec Dont la chanson se perd Dans le jour bleu et froid. © Alix Lerman Enriquez Les pailles font lâempire Dâune pie qui amasse. On maille des sourires En dĂ©nouant les grimaces. © CĂ©dric Landri Tourterelle une princesse Dâun poirier en floraison. Ăclosion dâune tendresse Entre les rĂ©volutions. © CĂ©dric Landri Quand lâoiseau se dĂ©plie, Il pense au soleil dense. Quand le poulet rĂŽtit, On salive dâavance. © CĂ©dric Landri
Lapolice a une piste concernant Vinciane Allard, une ancienne maĂźtresse de Sacha. Olivier est prĂȘt Ă tout pour apaiser les souffrances de sa fille, quitte Ă prendre des risques inconsidĂ©rĂ©s. Hadrien s'improvise barman Ă La paillotte, contre l'avis de Tristan. Judith et Noa se rapprochent. 573
Demain nous appartient ce qui vous attend dans l'Ă©pisode 959 mercredi 30 juin 2021 [SPOILERS]29 juin 2021 Ă 1930 Adepte de la zapette depuis toute petite, elle a vĂ©cu mille et une vies devant sa tĂ©lĂ©vision et dĂ©cortique avec passion tout ce qui passe sur le petit Ă©cran. Dans le prochain Ă©pisode de "Demain nous appartient"... Tandis que lâĂ©tau se resserre autour de Sacha, la prĂ©sence de BĂ©nĂ©dicte met William mal Ă lâaise. Souleymane rompt quant Ă lui avec Judith. Capture d'Ă©cran/TF1 Attention, les paragraphes qui suivent contiennent des spoilers sur l'Ă©pisode de Demain nous appartient diffusĂ© mercredi soir sur TF1 ! Si vous ne voulez rien savoir, ne lisez pas ce qui suit ! Mercredi 30 juin dans Demain nous appartient⊠LâĂTAU SE RESSERRE AUTOUR SACHA Le lendemain de son altercation avec Olivier, Sacha va au commissariat pour porter plainte mais le capitaine Saeed nâexprime aucune sympathie pour lui. Certain quâil a tuĂ© ClĂ©mentine, Karim jure mĂȘme de ne pas le lĂącher. A quelques mĂštres de lĂ , Martin fait la morale Ă Olivier pour avoir pris des risques inconsidĂ©rĂ©s en voulant faire parler Sacha. AprĂšs lui avoir demandĂ© de laisser la police faire son travail, le commandant Constant garantit que Sacha finira derriĂšre les barreaux, prĂ©cisant avoir pas mal dâĂ©lĂ©ments Ă son encontre. De son cĂŽtĂ©, Karim a rĂ©ussi Ă obtenir un rendez-vous avec CĂ©dric, le revendeur de bijoux. Il se rend alors sur place avec Sara oĂč ils se font passer pour un couple intĂ©ressĂ© par lâachat de la montre de la dĂ©funte. Au moment de la transaction, les policiers lâarrĂȘtent puis le conduisent au poste. Non loin de lĂ , les proches de ClĂ©mentine sont au cimetiĂšre pour lui rendre un dernier hommage. Lorsque Sacha dĂ©barque avec son fils, Garance et Olivier lui ordonnent de quitter les lieux sur le champ. Tandis quâil insiste, Olivier perd son sang-froid et le somme de partir avec virulence. Pour calmer la situation, Alex intervient et fait comprendre Ă Sacha que sa venue est considĂ©rĂ©e comme de la provocation. Il lâenjoint donc Ă laisser Ă ClĂ©mentine le droit dâavoir un enterrement digne. Au commissariat, les policiers ont eu la confirmation que la montre appartenait bien Ă Vinciane. Pendant son interrogatoire, Karim menace CĂ©dric de le faire plonger Ă la place de Sacha sâil ne parle pas et lui accorde jusquâau lendemain pour prendre sa dĂ©cision. En fin de journĂ©e, Georges ne saisit pas pourquoi CĂ©dric protĂšge autant Sacha et promet de creuser la question. En attendant, le policier a retrouvĂ© le modĂšle exact correspondant Ă lâempreinte de basket relevĂ©e prĂšs du corps de ClĂ©mentine. Un modĂšle fabriquĂ© par une marque spĂ©cialisĂ©e dans le running qui nâest donc pas destinĂ©e au grand public. Georges dĂ©cide alors de vĂ©rifier qui a achetĂ© ce modĂšle dans la rĂ©gion dans lâespoir que Sacha apparaisse dans la liste. Et il pourrait bien parvenir Ă ses fins puisque câest Gaspard qui les porte aux pieds. LA PRĂSENCE DE BĂNĂDICTE MET WILLIAM MAL Ă LâAISE Aurore est de retour Ă SĂšte pour le plus grand bonheur de William. PrĂ©venue par sa fille de lâarrivĂ©e de BĂ©nĂ©dicte, la policiĂšre voudrait apaiser les tensions autour dâun dĂ©jeuner en famille. MĂȘme sâil nâen a aucune envie, William finit cependant par changer dâavis et rejoint sa femme. Aurore essaie bien de le convaincre de mettre les choses Ă plat avec sa sĆur pour rĂ©gler leurs problĂšmes mais il nây voit pas dâintĂ©rĂȘt. En lâabsence de ses parents, Manon passe quant Ă elle du temps avec son cousin. Tandis quâelle cherche Ă savoir sâil est pressĂ© de reprendre la mer, Dorian fait remarquer quâil nây pas tant de bons cĂŽtĂ©s que cela dans sa maniĂšre de vivre et ajoute quâil aimerait avoir la mĂȘme vie que les gens de son Ăąge. Pour leur part, William, Aurore, BĂ©nĂ©dicte et Ătienne se retrouvent Ă la paillote autour dâun cocktail. Quand BĂ©nĂ©dicte informe son frĂšre quâelle a eu leurs parents au tĂ©lĂ©phone pour les prĂ©venir quâelle Ă©tait Ă SĂšte pour deux semaines, William rĂ©torque quâil ne veut pas en entendre parler car ils ne sont venus le voir quâune seule fois en deux ans. Ătienne renchĂ©rit alors en lançant quâil faut savoir se dĂ©tacher de ses parents. Dâailleurs, ne les ayant pas vus depuis huit ans, le mari de BĂ©nĂ©dicte dĂ©clare quâil ne sâen porte pas plus mal. Pour vivre au mieux la situation, Ătienne encourage mĂȘme son beau-frĂšre Ă suivre une psychanalyse. SOULEYMANE ROMPT AVEC JUDITH Au mas, Jeanne prĂ©vient sa petite fille que Noa est passĂ© la voir en son absence. Convaincue quâil lui tourne autour, Jeanne la met en garde et signale que le jeune homme est sorti avec une femme plus ĂągĂ©e que lui. Judith a beau lui faire croire quâelle nâest pas intĂ©ressĂ©e, Jeanne est loin dâĂȘtre dupe. Plus tard, Judith croise Noa Ă la sortie du mas. En retard pour son rendez-vous avec Souleymane, elle lui demande de la dĂ©poser en moto au Spoon. En les voyant arriver ensemble, Souleymane perd rapidement son sourire. Sentant clairement quâelle est de plus en plus distante envers lui, le fils Myriel la pousse Ă lui dire la vĂ©ritĂ©. Dos au mur, Judith admet quâelle Ă©touffe. Comme elle ne sait plus oĂč elle en est, elle se pose de nombreuses questions sur leur couple, son avenir mais Ă©galement sur les choix quâelle a Ă faire dans la vie. Souleymane, qui a lui aussi besoin de prendre lâair, met un terme Ă leur histoire avant de quitter le Spoon en laissant une Judith les larmes aux yeux. Partager cet article Demain nous appartient et Ici tout commence dĂ©programmĂ©s comment voir les Ă©pisodes du mardi 29 juin ? Demain nous appartient ce qui vous attend dans l'Ă©pisode 958 mercredi 30 juin 2021 [SPOILERS]
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Jeudi30 juin dans Demain nous appartient (épisode déjà disponible sur la plateforme Salto) Plus de peur que de mal pour Alex, grùce
TF1 29 Juin 2021 Pour rappel, ce mardi 29 juin Ă 18 heures, TF1 retransmettra la grosse affiche des huitiĂšmes de finale de l'Euro de football Angleterre - Allemagne. ConsĂ©quence, les feuilletons quotidiens Ici tout commence et Demain nous appartient sont dĂ©programmĂ©s. Voici le calendrier de diffusion pour les amateurs de ces fictions françaises Ici tout commence Mercredi 30 juin, Ă©pisode 172 Ă 18 heures Clotilde sâoppose Ă Teyssier tandis que Kelly fait tout ce quâelle peut pour sauver Lionel. Aux marais salants, NoĂ©mie est portĂ©e disparue. Claire fait une proposition Ă©tonnante Ă Olivia. Jeudi 1 juillet Ă 18 heures, Ă©pisode 173 Pendant le concours, Lionel impressionne le jury tandis que Ludivine prend une dĂ©cision irrĂ©versible. Laetitia joue un mauvais tour Ă Vincent pour se venger. Clotilde nâapprĂ©cie pas la tĂ©mĂ©ritĂ© de Rose. Jeudi 1 juillet Ă 18h30, Ă©pisode 174 A lâInstitut, câest la stupĂ©faction gĂ©nĂ©rale lorsque Teyssier annonce les Ă©tudiants Ă©liminĂ©s. Alice confronte Laetitia et ne sait plus qui croire. La prĂ©sence dâEsteban complique la relation AnaĂŻs â Lisandro. Demain nous appartient Mercredi 30, Ă 18h30 Ă©pisode 958 La police a une piste concernant Vinciane Allard, une ancienne maĂźtresse de Sacha. Olivier est prĂȘt Ă tout pour apaiser les souffrances de sa fille, quitte Ă prendre des risques inconsidĂ©rĂ©s. Hadrien sâimprovise barman Ă La paillotte, contre lâavis de Tristan. Judith et Noa se rapprochent. Mercredi 30 Ă 19h10, Ă©pisode 959 Les SĂ©tois traitent Sacha et sa famille comme des parias, ce qui affecte beaucoup Ben. La police rĂ©ussit Ă mettre la main sur un tĂ©moin important qui pourrait leur permettre d'arrĂȘter le criminel quâils recherchent depuis des semaines. Souleymane rompt avec Judith. La prĂ©sence de sa sĆur Ă SĂšte met William mal Ă lâaise. Jeudi 1er juillet Ă 19h10, Ă©pisode 960 Dans un moment dâinattention, Sara laisse Ă©chapper un suspect crucial. Ben fait de son mieux pour cacher Ă Solenne les Ă©vĂ©nements macabres qui secouent la ville. Toujours Ă Boston, Solenne ne se doute de rien. La libertĂ© conditionnelle de Victor est refusĂ©e. TimothĂ©e est bouleversĂ©. Manon dĂ©cide de relooker son cousin avec lâaide de Camille. CrĂ©dit photo © Thomas BRAUT - ITC - TF1 Partager cet article Pour ĂȘtre informĂ© des derniers articles, inscrivez vous Ă propos Actu des mĂ©dias par 2 passionnĂ©s, amateurs. Et tweets perso. Voir le profil de sur le portail Overblog
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